L’Ifremer a organisé le jeudi 22 janvier à Sète, un atelier de travail sur le thon rouge. L’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer avaient convié une trentaine de professionnels, des représentants des pêcheurs sportifs, d’ONG, d’administrations (DPMA et DRAM) et des experts de l’Ifremer et de l’IRD.
Pour l’Ifremer, l’objectif de cette réunion était de poursuivre un dialogue et de jeter les bases d’une coopération constructive durable pour l’amélioration des connaissances sur le thon rouge et les pêcheries françaises. Les nombreux échanges, parfois animés, ont permis de clarifier un certain nombre de questions des professionnels autour du diagnostic scientifique.
S’il existe encore des points que de prochaines réunions permettront d’éclaircir, l’Ifremer considère que « l’ensemble des participants a montré un vif désir de contribuer tant en qualité qu’en quantité à la récolte des informations utiles pour enrichir le diagnostic scientifique sur cette ressource« . D’ores et déjà, l’Ifremer annonce que plusieurs décisions ont été prises.
Suivis aériens
Tout d’abord, il a été décidé la reprise dès cette année des suivis aériens sur le golfe du Lion pour élaborer un indice d’abondance du thon rouge à partir de données scientifiques indépendantes de la pêche. Des expériences antérieures (2000-2003) avaient permis de tester la faisabilité et l’intérêt de cette opération sur les jeunes thons rouges. En 2009, cette campagne de survol sera assurée par l’Ifremer. Un professionnel sera embarqué au côté de l’observateur scientifique pour un partage d’expériences et par souci de transparence.
Il est également envisagé d’utiliser un navire professionnel sur zone pour estimer ? au sondeur ? la biomasse correspondante aux bancs observés par avion. Une réunion technique sera programmée au printemps sous l’égide de la Commission thon rouge du CNPMEM, pour discuter notamment de l’opportunité d’intensifier la prospection sur le plateau continental.
Marquage conventionnel poursuivi
Ensuite, la réunion organisée par l’Ifremer a permis de valider la poursuite des campagnes de marquage conventionnel menées depuis 2006 par les pêcheurs sportifs de Méditerranée et d’Atlantique ainsi que des campagnes de marquage électronique menées par l’Ifremer en Méditerranée en collaboration avec certains pêcheurs sportifs. Les professionnels ont exprimé leur volonté de participer à ces opérations de marquage en achetant des marques électroniques et en opérant le marquage à partir de navires professionnels.
Les pêcheurs s’engagent également à tout mettre en oeuvre pour améliorer le taux de retour des marques (très faible en Méditerranée) même si celles-ci sont difficiles à repérer du fait du transfert des thons dans les cages d’embouche. Un document expliquant en quelques pages l’intérêt des résultats de marquage pour l’estimation des déplacements, mais aussi pour des estimations de la croissance et de la mortalité va être élaboré par les scientifiques.
Etude socio-économique de la filière
Par ailleurs, le principe d’une étude socio-économique de la filière thon rouge a été évoquée par l’Ifremer et l’IRD dont les activités halieutiques sont en cours de rapprochement. Les professionnels, conscients de l’intérêt d’une telle étude, soutiennent cette idée. La configuration finale de l’étude (française ou internationale) dépendra des collaborations et des budgets qui pourront être mobilisés. Une réunion sur ce sujet sera programmée à l’automne, à l’issue de la campagne 2009.
Enfin, les professionnels ont proposé leurs services pour effectuer des prélèvements biologiques sur les poissons morts avant le transfert dans les cages. Cette proposition a été très favorablement accueillie par les scientifiques. Il a été suggéré de profiter de la plateforme des observateurs à bord des thoniers senneurs pour recueillir ces prélèvements. Une note expliquant les procédures de collecte d’échantillon va être élaborée et largement distribuée.
Invitation de Greenpeace
Greenpeace propose par ailleurs d’accueillir des scientifiques sur son navire pour effectuer des études spécifiques (prélèvements larvaires par exemple) lors des campagnes de suivi que l’ONG effectue en Méditerranée depuis 2006. Parallèlement à ces quatre points de discussion qui ont été approuvés par la majorité des intervenants, d’autres sujets ont été évoqués.
Parmi eux, l’hypothèse d’une reproduction des thons à l’intérieur des cages lors des opérations de transport. Des scientifiques espagnols ayant déjà mené un suivi en 2008 sur ce type d’opération, il a été convenu que les scientifiques de l’Ifremer prendraient connaissance des résultats de cette étude, à condition qu’ils soient disponibles, et que, sur cette base, une nouvelle discussion aurait lieu pour juger s’il est judicieux ou non de poursuivre des investigations dans ce domaine.
Quotas en nombre de poissons
Enfin, les professionnels ont évoqué la possibilité de mettre en place un quota en nombre de poissons et non en poids (comme c’est le cas actuellement). Même s’il s’agit davantage d’un problème de gestion, qui n’est donc pas du ressort des scientifiques, cette proposition a été jugée intéressante par certains participants. Une réflexion approfondie devrait être poursuivie sur ce sujet lors de futures réunions, notamment entre les professionnels et l’administration.
Selon l’Ifremer, l’ensemble des participants a apprécié cet atelier et souhaite que ce processus de réflexion et de travail en commun se poursuive.
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