L’Afsset a été saisie le 25 novembre 2005 par l’association France Nature Environnement pour évaluer les impacts éventuels des technologies dite « Identification par radiofréquences » (RFID) sur l’environnement et la santé humaine. L’agence vient de de publier son rapport.
Sur le plan de la physique, les technologies RFID empruntent des principes de fonctionnement connus et bien établis, dans les domaines du transfert d’énergie électromagnétique en basse fréquence et des communications sans-fil à plus haute fréquence. Elles ont pour objectif de rendre identifiable tout « objet », au sens large, muni d’une « étiquette RFID », au moyen d’une transmission sans contact avec un « interrogateur ».
Une des innovations majeures de ces technologies consiste à rendre possible un échange d’information à double sens entre l’interrogateur et l’étiquette, qui peut par exemple être munie de capteurs particuliers qui renseignent sur l’état de l’objet tracé (température, pression, etc.). L’utilisation des fréquences radioélectriques pour l’identification des étiquettes permet de plus une communication aveugle, à plus ou moins grande distance, et parfois de plusieurs centaines d’objets presque simultanément.
Technologie en plein essor
Ce moyen d’identification par radiofréquences est aujourd’hui en plein essor, avec des applications déjà bien maîtrisées et répandues : identification animale, contrôle d’accès, et d’autres encore en développement (contrôle des flux logistiques, informations issues de capteurs environnementaux). L’identification de tous les produits de consommation courante n’est pas encore d’actualité, notamment en raison de certaines difficultés techniques.
Les applications RFID couvrent ainsi des domaines allant de la télédétection (identification d’animaux, etc.) aux transactions de la vie courante (cartes bancaires, titres de transport en commun, etc.) et à la traçabilité des produits et des marchandises. Les radio-étiquettes peuvent être en effet collées ou intégrées dans de nombreux produits et même implantées dans des animaux ou des êtres humains.
A la lecture du rapport de l’Afsset, 4 points clés de l’avis méritent une attention particulière, comme l’indique FNE. A l’heure actuelle, il n’existe pas de données disponibles concernant les impacts sur l’environnement de la RFID. Les experts ne se sont pas penchés sur le cas des effets d’implantation de RFID dans le corps humain, pratique qui est déjà une réalité dans d’autres pays.
Méconnaissance des professionnels
Par ailleurs, comme le souligne FNE, les fabricants ou intégrateurs de systèmes RFID semblent, pour certains d’entre eux, méconnaître leur obligation de prendre en compte la sécurité et la santé des personnes. Enfin, aujourd’hui en France, l’exposition professionnelle peut être nettement plus forte que celle de la population générale. Mais, les méthodes d’évaluation des risques sanitaires concernent des expositions « corps entier » ; elles sont donc inappropriées pour certaines situations de travail.
Pour José Cambou, responsable du réseau santé-environnement de FNE « La RFID est en passe de devenir un sujet majeur en matière de santé/environnement. L’avis de l’Afsset confirme notre position : en présence d’une nouvelle technologie comme la RFID, il vaut mieux prévenir que guérir ! Le rapport de l’Afsset met en évidence la nécessité d’expertise et de recherches sur les risques sanitaires, environnementaux et éthiques liés à la RFID. »
Question éthique
José Cambou poursuit : « le rapport de l’Afsset n’épuise pas le sujet : il laisse de côté la question des effets psychologiques potentiels de cette technologie d’identification et de traçabilité des objets, des animaux voire des personnes. Plus globalement, cette technologie interpelle aussi en terme de protection de la vie privée et en terme d’éthique, qui sont des questions dont les pouvoirs publics doivent se saisir de manière urgente. »
> Pour en savoir + : Avis de l’Afsset sur les RFID (pdf)
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