La Commission européenne vient d’adopter hier le tout premier plan d’action de l’Union européenne pour la conservation et la gestion des requins.
Ce plan vise à garantir l’adoption, si nécessaire sur la base du principe de précaution, de mesures efficaces en vue de favoriser la reconstitution des stocks de requins menacés, ainsi que la formulation de lignes directrices pour la gestion durable des pêcheries concernées, y compris celles dans lesquelles les requins sont capturés en tant que prises accessoires. Le plan prévoit également des mesures destinées à approfondir les connaissances scientifiques concernant les stocks et pêcheries de requins.
Les mesures envisagées concernent non seulement les requins, mais aussi les espèces apparentées, comme les pocheteaux et les raies, et s’appliqueront dans toutes les zones d’activité de la flotte communautaire, que ces zones soient situées dans les eaux communautaires ou non. La Commission s’attachera également à assurer la cohérence entre la politique communautaire en faveur des requins et l’action menée par l’Union européenne en la matière dans le cadre des organismes et accords internationaux.
« Les requins sont très sensibles à la surpêche et l’épuisement des stocks risque d’avoir des répercussions très graves, non seulement pour les requins, mais aussi pour les écosystèmes marins et les pêcheurs », a déclaré M. Joe Borg, membre de la Commission chargé des affaires maritimes et de la pêche. « C’est pourquoi le plan d’action que nous avons présenté aujourd’hui permettra à la fois de définir une approche davantage fondée sur le principe de précaution pour la gestion des pêcheries dans lesquelles des requins sont capturés et de soutenir l’effort de recherche important qui reste nécessaire pour bien comprendre le rôle des requins dans la vie de nos océans et l’impact que la pêche peut avoir sur ces animaux. »
Améliorer la collecte des données
Le plan d’action comprend des mesures destinées à améliorer la collecte des données et l’obtention d’avis scientifiques, à renforcer les mesures de gestion et les mesures techniques, et à contrôler de manière plus stricte le respect de l’interdiction de l’enlèvement des nageoires de requins, entrée en vigueur en 2003 et s’appliquant dans toutes les eaux communautaires et à l’égard de tous les navires communautaires, où qu’ils pêchent. Le plan prévoit aussi bien des mesures communautaires que des mesures à mettre en ?uvre au niveau national, et propose que l’Union européenne engage toutes les organisations régionales de gestion des pêches (ORGP) à les entériner. Pour la liste complète des mesures proposées, consulter le lien ci-dessous.
Le plan couvre tous les poissons cartilagineux – les requins, mais aussi les pocheteaux, les raies et les chimères – soit plus d’un millier d’espèces. Ces poissons sont présents dans le monde entier, et notamment dans l’Atlantique Nord, où sont réalisées plus de la moitié des captures de requins par les navires communautaires.
Vulnérables à la surpêche
Les pêcheries de requins connaissent un essor rapide depuis le milieu des années 1980, dû à une demande accrue de produits issus du requin (en particulier les nageoires). Or, du fait de leur longévité élevée, de leur maturité sexuelle tardive, de leur longue période de gestation et de leur faible taux de fécondité, ces espèces sont particulièrement vulnérables face à la surpêche. Il ressort d’une étude récente menée par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) qu’un tiers des espèces de requins capturées dans les eaux de l’UE pourraient être menacées en raison de la pression de pêche excessive à laquelle elles sont soumises.
En dépit de la fragilité de ces stocks et de leur importance croissante pour la flotte communautaire, les pêcheries de requins de l’Union européenne n’ont jamais fait l’objet d’une gestion systématique. Ces dernières années, la Commission a reconnu l’état préoccupant d’un certain nombre de stocks de requins et proposé soit d’interdire totalement les captures, soit de réduire sensiblement la mortalité par pêche, dans l’Union européenne comme dans plusieurs ORGP.
Inspiré par le plan de la FAO
Le plan d’action de l’Union européenne en faveur des requins a été élaboré à l’issue de vastes consultations organisées en 2007 et en 2008 avec les États membres, les parties intéressées et le grand public. Sa structure s’inspire de celle proposée dans le Plan d’action international pour la conservation et la gestion des requins adopté en 1999 par la FAO. Comme le prévoit le plan de la FAO, le plan d’action communautaire est accompagné d’un rapport d’évaluation des requins, qui est joint à la communication.
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