L’INVS vient de publier un dossier consacr� � l’impact sanitaire de l’incin�ration des d�chets m�nagers, dans lequel il souligne les dangers av�r�s pour la sant� des rejets des vieux incin�rateurs, et l’importance des mesures prises r�cemment pour limiter leurs �missions polluantes.
Le dossier de l’Institut national de veille sanitaire (INVS) pr�sente l’ensemble des travaux de r�f�rence conduits sur ce th�me. Il rend compte de leur diversit� et de la richesse des connaissances qui ont �t� produites et mises � la disposition de la communaut� scientifique, des d�cideurs et du public. Ces �tudes et guides ont �t� r�alis�s par le D�partement sant� environnement et par les Cellules interr�gionales d’�pid�miologie de l’Institut de veille sanitaire, en collaboration avec de nombreux partenaires publics ou priv�s.
Ces travaux �pid�miologiques apportent de nouveaux arguments en faveur de l’influence possible d’une exposition environnementale � des agents chimiques, de faible intensit� et prolong�e, sur la fr�quence des cancers en population g�n�rale. Les deux �tudes nationales de 2006 et 2008 confirment l’utilit� pour la sant� publique des mesures de limitation des �missions de polluants qui ont �t� prises. En effet, elles montrent r�trospectivement une relation entre l’exposition aux incin�rateurs d’ordures m�nag�res et l’incidence de plusieurs cancers ? � une �poque o� les quantit�s �mises �taient �lev�es ? ainsi qu’un impact r�duit des rejets atmosph�riques actuels sur les niveaux biologiques de dioxines chez les riverains des usines.
La causalit� des relations statistiques observ�es n’est pas �tablie, aussi ces r�sultats ne conduisent pas � recommander des mesures particuli�res de pr�vention secondaire des cancers pour les populations anciennement expos�es aux fum�es d’incin�rateurs. De plus, cela n’apporterait pas de gain sanitaire suppl�mentaire aux mesures qui existent d�j� (d�pistage du cancer du sein) et il n’y a pas de concensus sur l’opportunit� de d�pister les lymphomes malins. Enfin, les exc�s de risque de cancer, qui sont peu �lev�s, portent sur une fraction restreinte de la population dont les individus ne sont pas identifi�s.
Temps de latence de survenue des cancers
Au demeurant, l’incertitude sur les temps de latence d’apparition des cancers ne permet pas d’exclure que les expositions ayant d�but� dans les ann�es 70 puissent encore aujourd’hui favoriser la survenue de cancers. Il pourrait donc �tre int�ressant de suivre l’�volution du risque de cancer dans les m�mes populations, de mani�re � prendre en compte une dur�e de latence et un suivi plus longs. Les r�sultats concernant l’impr�gnation humaine aux dioxines ne conduisent pas � pr�coniser de nouvelles mesures g�n�riques de gestion.
Cependant, l’ingestion d’?ufs de poules �lev�es sur des sols qui demeurent contamin�s par un ancien incin�rateur fortement �metteur peut encore conduire � une exposition forte aux dioxines. C’est en particulier le cas lorsque les ?ufs sont destin�s � la consommation priv�e et, de ce fait, �chappent aux contr�les officiels. De telles situations, qui doivent faire l’objet d’actions de contr�le sp�cifiques, peuvent amener � recommander de ne pas consommer ces aliments. Le probl�me ne se pose pas pour le lait de vache car l’herbe de repousse n’est plus contamin�e apr�s la mise aux normes ou l’arr�t des installations qui �taient tr�s polluantes.
Etablir la causalit�
Les r�sultats des �tudes locales conduites autour de l’usine de Gilly-sur-Is�re sont coh�rents avec ceux de l’�tude nationale sur l’impr�gnation par les dioxines men�e autour de huit incin�rateurs en France. L’absence d’exc�s significatif de cancers dans la zone expos�e � cet incin�rateur pouvait sembler contradictoire avec les r�sultats de l’�tude nationale qui montrait un exc�s significatif de certains cancers dans les populations expos�es dans les ann�es 1970-80 aux panaches de 16 incin�rateurs. Ces observations �pid�miologiques incitent � promouvoir des travaux de recherche visant � �tablir la causalit� entre la survenue de cancers et l’exposition environnementale aux substances �mises par les incin�rateurs ou par d’autres sources de pollution.
Ainsi, une �tude analytique de type cas-t�moin, comprenant le recueil d’informations pr�cises sur l’histoire r�sidentielle des personnes et le dosage de biomarqueurs d’exposition, pourrait �tre envisag�e. De m�me, afin de mieux comprendre les r�sultats obtenus, notamment sur les cancers f�minins, il serait int�ressant de compl�ter l’analyse des donn�es, par exemple en comparant l’�ge au moment du diagnostic de cancer du sein entre les femmes expos�es et non expos�es.
Cancer du sein, tumeurs de l’ovaire et de l’ut�rus
En effet, certaines hypoth�ses sugg�rent que des expositions environnementales pr�natales et pr�coces pourraient avoir un r�le dans la survenue d’un cancer du sein, en particulier avant la m�nopause. Il est �galement envisageable d’�tudier l’influence de l’exposition aux fum�es d’incin�rateurs sur l’incidence des tumeurs n�oplasiques de l’ovaire et de l’ut�rus.
Si les expositions pass�es aux pollutions des incin�rateurs repr�sentaient de r�els dangers pour la sant�, il semble cependant de conduire une nouvelle �tude dans quelques ann�es, chez les populations expos�es aux niveaux actuels d’�mission de ces installations industrielles, peut �tre discut�e. En effet, elle risquerait a priori d’�tre non concluante du fait des expositions d�sormais tr�s faibles occasionn�es par l’incin�ration des ordures m�nag�res et donc des bas niveaux de risque de cancer attendus.
Etude d’impact d’autres sources de pollution industrielles
En conclusion, l’INVS consid�re qu’il pourrait s’av�rer d�sormais plus pertinent d’orienter les travaux de sant� environnementale vers l’�tude de l’impact d’autres sources de pollution industrielles moins r�glement�es que ne le sont les incin�rateurs de d�chets m�nagers.
> Pour en savoir + :� Incin�rateurs et sant�
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