Par Anirban Ganguly, associate fellow, division changement climatique, The Energy and Ressources Institute (Teri) – New Delhi (Inde). Un focus extrait de « Regards sur la terre », l’annuel 2009 du d�veloppement durable, paru aux �ditions SciencesPo – Les Presses.
Le besoin de pr�server les ressources naturelles a rendu n�cessaire de leur attribuer une valeur �conomique, les faisant ainsi figurer dans les comptabilit�s nationales et internationales. Cette valorisation, complexe du fait de la multiplicit� des b�n�ficiaires de la biodiversit�, a un impact r�el sur les d�cisions politiques.
On peut consid�rer les ressources naturelles comme un capital, source durable de revenus. Contrairement aux actifs physiques tels que les machines, elles ne sont pas le r�sultat d’un proc�d� de fabrication contr�l� par l’homme, mais le fruit de processus naturels de longue dur�e. Alors que les machines peuvent �tre imm�diatement – ou, en tout cas, rapidement – remplac�es, la reconstitution des ressources naturelles ne se fait que tr�s lentement et, le plus souvent, le processus naturel qui en est � l’origine ne peut �tre reproduit � l’identique. D’o� l’importance du concept de gestion durable de la biodiversit�, c’est-�-dire de l’utilisation de ces ressources � un rythme inf�rieur ou �gal � celui de leur reconstitution.
Cette prise de conscience est un ph�nom�ne r�cent, qui a pris une importance croissante depuis deux d�cennies, en particulier depuis la Conf�rence des Nations unies sur l’environnement et le d�veloppement de 1992 � Rio, et la signature au cours de celle-ci de la Convention sur la diversit� biologique (CDB). A cette occasion, pays d�velopp�s et en voie de d�veloppement ont reconnu les cons�quences locales et mondiales des pertes de ressources naturelles, et la n�cessit� d’�laborer des strat�gies nationales et des projets pour faire face � ces pertes. La CDB s’est appuy�e sur un m�canisme financier international, le Fonds pour l’environnement mondial (FEM), con�u pour soutenir les pays dans leurs efforts de pr�servation de l’environnement.
Evaluer les ressources
Un large consensus sur le besoin d’utiliser les ressources naturelles de mani�re rationnelle a permis de d�gager un autre constat : la croissance �conomique rapide s’est faite au prix de la diminution de certaines de ces ressources, laquelle n’�tait pas int�gr�e dans les syst�mes de comptabilit�. En r�ponse, la Banque mondiale a d�velopp� en 1997 l’indicateur d’�pargne v�ritable qui �tend la notion de richesse nationale afin d’inclure des actifs tels que la pollution. Dans le m�me temps, un syst�me int�gr� de comptabilit� �conomique et environnementale a �t� propos�, qui fournit un cadre pour valoriser les ressources environnementales et mesurer leur �puisement, en faisant appel � des m�thodes conformes � celles de la comptabilit� conventionnelle.
Lanc�e en 1998, l’Evaluation des �cosyst�mes pour le Mill�naire (EM) s’efforce d’utiliser la valorisation �conomique comme un instrument pour aider les d�cideurs � mieux comprendre les changements dans les biens et services fournis par l’�cosyst�me. Plus pr�cis�ment, l’accent est mis, non pas sur l’�valuation de la valeur totale de la ressource, mais sur l’�valuation des changements marginaux, dus � un facteur humain ou � l’introduction d’une politique, dans la valeur des �cosyst�mes.
Une d�marche politique
(.) Cette valeur est avant tout politique. Accorder une valeur suppl�mentaire � la biodiversit� affecte les d�cisions en mati�re de planification et de programmation, et oblige � des arbitrages entre des priorit�s nationales concurrentes, voire entre des priorit�s nationales et internationales. Par exemple, l’affectation d’une haute valeur aux for�ts pourrait emp�cher l’utilisation de ces terrains pour la construction d’un barrage hydro�lectrique, comme elle pourrait conduire aussi � pr�server des terres pour fournir un habitat � des esp�ces animales en danger.
(.) En 2007, l’Allemagne et la Commission europ�enne ont lanc� une nouvelle initiative, l’Economie des �cosyst�mes et de la biodiversit�, dans le but de mieux faire comprendre la valeur �conomie des avantages fournis par la nature, et d’en promouvoir, au niveau international, une meilleure comptabilit�. Le processus, qui pourrait avoir un r�le semblable � celui jou� par le Rapport Stern pour le changement climatique, devrait �tre conclu en 2010.
� 2009, Presses de Sciences Po
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