Nadine Fr�ry, docteur en pharmacie, sp�cialiste des biomarqueurs et de la biosurveillance � l’Institut nationale de veille sanitaire, en charge de l’�tude que vient de publier l’INVS sur l’impr�gnation des dioxines sur les populations riveraines des usines d’incin�ration d’ordures m�nag�res (UIOM).
Pourquoi l’INVS a-t-il r�alis� cette �tude ?
Nous avons constater des inqui�tudes l�gitimes de la population riveraine des incin�rateurs et il nous semblait important de mener une r�flexion nationale sur le sujet. Avec l’Afssa (Agence fran�aise de s�curit� des aliments), nous avons montons 3 groupes d’experts, afin de proposer une enqu�te globale sur cette question.
Tout d’abord, un premier groupe s’est charg� de faire un �tat des lieux, sur l’incin�ration, sur les rejets et proposer un protocole d’�tude d’impr�gnation par les dioxines et d’autres m�taux. Par ailleurs, un autre groupe s’est int�ress� aux effets sanitaires, comme les cancers, et enfin un troisi�me groupe s’est plus pench� sur la probl�matique locale.
Il s’agit d’une des rares �tudes sur l’impr�gnation par les dioxines de cette ampleur, avec une �tude taiwanaise publi�e en 2006. Auparavant, les �tudes pr�c�dentes ne s’int�ressaient pas � la mod�lisation des panaches de dispersion des fum�es, et donc des retomb�es, en n’obtenant leurs r�sultats qu’avec des cercles concentriques.
De m�me, pour la premi�re fois, cette �tude prend en compte la dimension alimentaire de mani�re tr�s d�taill�e. L’objectif �tait de v�rifier s’il y avait une sur-impr�gnation des populations riveraines des UIOM, par rapport � la population non-expos�e, et d’autre part s’il existait des facteurs qui pouvaient influencer cette impr�gnation � proximit� des incin�rateurs, et notamment des aliments produits localement.
Quels sont les principaux r�sultats de cette �tude ?
Cette �tude a �t� r�alis� aupr�s de 1.030 personnes �g�s de 30 � 65 ans, r�sidantes autour de 8 incin�rateurs d’ordures m�nag�res, qui ont �t� choisi � la suite d’un inventaire. Nous avons identifi� 3 types d’incin�rateurs selon notamment leur capacit�.
Nous n’avions pas d’a priori avant de r�aliser cette �tude. Lorsqu’on regarde globalement les r�sultats, on ne constate pas de diff�rence d’impr�gnation entre les riverains d’incin�rateurs et les r�sidants non soumis � une source connue de dioxines.
Ceci � l’exception d’une sous-population qui est celle des agriculteurs, qui consomment des produits locaux, et dans une moindre mesure chez les particuliers qui consomment des produits animaux localement, comme des produits laitiers, et des ?ufs.
Qu’en est il des contaminations par inhalation ?
Par ailleurs, aux vues des r�sultats de cette �tude, l’impact de l’inhalation est n�gligeable sur l’impr�gnation des dioxines. C’�tait une question soulev�e par les riverains. Mais, il ne s’agit pas vraiment d’une surprise, car ces r�sultats viennent confirmer diff�rents �tudes scientifiques en la mati�re.
Les dioxines nous contaminent surtout par la voie alimentaire. Ind�pendamment de tout incin�rateur, on mange de la dioxine tous les jours sans le vouloir dans les graisses animales essentiellement.
Cette sur-impr�gnation des auto-consommateurs est-elle importante ?
Pour que cette impr�gnation soit r�ellement cons�quente, il faut �tre en pr�sence de riverains de ces usines d’incin�ration qui consomment tr�s r�guli�rement des produits locaux. En revanche, les consommateurs essentiellement de fruits et l�gumes n’ont pas d’impr�gnation particuli�re. Cette sur-impr�gnation concerne donc essentiellement les consommateurs de produits locaux d’origine animale comme le lait et les ?ufs.
Il y a eu un pic de pollution dans les ann�es 70, avec notamment l’industrie du chlore, � des rejets industriels importants. Depuis une dizaine d’ann�es, on constate une diminution r�guli�re et tr�s importante de la contamination des aliments, et de l’impr�gnation des populations europ�ennes.
Globalement, ces r�sultats sont donc plut�t rassurants ?
Il y a environ 90% de la population de notre �tude qui se trouve en dessous de la moyenne europ�enne observ�e fin des ann�es 80. Cela permet de relativiser.
Cependant, en dehors de cette impr�gnation des auto-consommateurs, on a constat� que le site de Senneville-sur-F�camp pr�sente des taux d’impr�gnation �lev�s, aussi bien en zone expos�e que non expos�e. En fait, la population locale consomme beaucoup de produits de la mer, et justement, c’est une zone du littoral o� les poissons sont particuli�rement contamin�s.
Les niveaux constat�s se trouvent dans la moyenne europ�enne, et �videmment tr�s en dessous de valeurs tr�s importants autour de la mer Baltique o� l’on rel�ve des taux d’impr�gnation particuli�rement forts car les poissons sont tr�s contamin�s.
M�me si les r�sultats sont plut�t encourageants, on incite les gestionnaires locaux � rester vigilants sur la consommation des ?ufs issus de sites contamin�s ou anciennement contamin�s, autour d’anciens incin�rateurs. Car si l’herbe de repousse est tr�s vite d�contamin�e, ce n’est pas le cas pour les ?ufs. En effet, les poules picorent la terre, mangent des vers de terre, et donc continuent � se contaminer. On conseille donc de ne pas les consommer.
> Pour en savoir + : Consulter l’�tude de l’INVS (pdf)
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