Lionel Dunet, pr�sident du Conseil de l’Ordre des architectes, constitu� des 29 000 architectes, agr��s en architecture, issus des 26 Conseils r�gionaux. En 2020, 100% des logements neufs devront �tre construits « � �nergie positive » d’ici 2020.
Qu’est-ce que le d�veloppement durable pour un architecte ?
Le d�veloppement durable doit prendre en compte la dimension humaine. Notre r�flexion va bien au-del� de la simple question �nerg�tique. Il s’agit de penser l’urbain, les d�placements, la mobilit�, mais �galement l’aspect sociologique et culturel. Sans la dimension humaine, on peut faire des maisons qui seront moins habitables que les maisons actuelles.
Faire du d�veloppement durable en faisant des petites fen�tres et sans r�fl�chir � l’int�gration urbaine, �a n’a pas de sens. Il n’y a qu’� voir ce que font les autrichiens en la mati�re pour voir vers quoi il faut tendre, avec une vraie qualit� de vie et d’espace.
Travaillez-vous en amont avec des organismes comme le CSTB ?
Le CSTB (NDLR : Centre Scientifique et Technique du B�timent) ne s’int�resse pas directement � la qualit� mais plus aux normes. L’un des discours de notre Conseil de l’ordre, c’est justement de consid�rer que les normes sont n�cessaires mais pas suffisantes. Nous militons pour une nouvelle philosophie de la norme en France. Nous voulons des normes par objectifs et non pas par moyens.
Pour une maison qui ne doit pas d�passer 50 kw/h par m2, laissons-nous faire et ne fonctionnons de mani�re arbitraire comme actuellement avec uniquement un syst�me de points qui n’a pas de sens. Aujourd’hui on fait l’inverse. Les normes nous enferment dans une fa�on de faire, sans v�rifier si le r�sultat est l�, ce qui est une aberration. Il faut �tre ferme sur les r�sultats mais en laissant le choix des moyens aux architectes et ing�nieurs.
Est-ce que votre message a �t� entendu � l’occasion du Grenelle ?
Oui, il a �t� entendu et ce message n’a pas seulement �t� port� par les architectes. A l’origine, le b�timent dans le Grenelle �tait totalement absent des d�bats, mais il y a eu une prise de conscience que ce secteur � lui seul repr�sentait 40 � 45% des �missions de gaz � effet de serre. Le Grenelle a permis de faire prendre conscience que la ville et notamment l’�talement urbain �tait tr�s consommateur d’�nergie.
Nous avons publi� d�but 2008 un texte dans le journal Le Monde sur cette question baptis� « Manifeste pour la ville ». L’objet de ce texte �tait justement une r�flexion sur la densit� et les nouveaux modes d’habitats. Il s’agissait d’une sorte de plaidoyer pour la ville europ�enne. Nous sommes capables en Europe de faire des villes denses de qualit� et c’est seulement lors de ces 50 derni�res ann�es que la ville s’est dilu�e avec le d�veloppement de l’habitat individuel compl�tement diffus.
Quelle est la principale avanc�e du b�timent ces derni�res ann�es ?
Le vrai grand pas est en mati�re �nerg�tique. On commence � ressentir un d�but de prise de conscience des donneurs d’ordre sur la question de qualit� des mat�riaux et de la qualit� de l’air dans les b�timents, m�me si cela reste encore embryonnaire.
Avec la RT 2005, c’est mieux, c’est �videmment un gros progr�s par rapport � la RT 2000, mais cela reste encore perfectible. On reste � 120 kw/h par m2 alors qu’on consid�re qu’il faudrait limiter cet objectif � 50 km/w pour que cette �volution permette de vrais r�sultats en terme environnementaux. Cependant cela �volue favorablement notamment dans le logement social.
O� se situe encore le principal frein au d�veloppement du b�timent � durable �?
Aujourd’hui, nous faisons 100% des esquisses dans une d�marche d�veloppement durable. Mais une fois que nous discutons budget avec le ma�tre d’ouvrage, nous ne r�alisons que 20% des projets en respect l’int�gralit� de cette d�marche. Actuellement, les budgets ne sont pas con�us pour int�grer v�ritablement cette d�marche dans la construction des b�timents.
Quels sont les donneurs d’ordre les plus � citoyens � ?
De loin les collectivit�s. Les �lus locaux sont de plus en plus concern�s par cette question. Chez les particuliers, cette d�marche �merge �galement quelques temps, pas dans les maisons traditionnelles, mais dans les maisons d’une certaine taille, m�me si l� aussi, c’est souvent le budget qui bloque. Du c�t� des promoteurs priv�s, on demande encore trop souvent le minimum, avec simplement une d�marche cosm�tique.
Construire � durable �, �a co�te cher ?
On dit g�n�ralement que construire un b�timent � durable � c’est plus 15%, m�me si cela d�pend du niveau d’excellence vis�. Malheureusement, ce surco�t n’est absolument pas rentr� dans les budgets consentis aux nouveaux projets. Construire � durable � est une d�marche citoyenne et non pas �conomique.
Est-ce que �a sera toujours plus cher � l’avenir ?
Nous sommes pass�s d’un stade adolescent au stade adulte. On s’oriente de moins en moins vers l’accessoire pour aller vers l’essentiel. Le danger c’est de mettre un petit bout de capteurs solaires parce que c’est tendance. Nous travaillons de plus en plus de mani�re optimis�e et rationnelle dans ce domaine et donc en g�chant moins d’argent.
La crise actuelle est-elle de nature � freiner cet �lan positif ?
Est-ce que le d�veloppement durable est soluble dans la crise ? On va le voir. Pour que cette d�marche positive ne soit pas stopp�e, il faut que les pouvoirs publics aient conscience que le d�veloppement durable est un levier �conomique capable de relancer un secteur pour les 20 ans � venir.
Est-ce que les architectes sont suffisamment form�s ?
Nous avons cr�� une Commission � d�veloppement durable � qui a travaill� �norm�ment sur la r�alisation d’un �tat des lieux et qui a abouti � une premi�re publication sur les architectes et le d�veloppement durable, puis une charte.
Nous insistons beaucoup sur la formation. Nous consid�rons que le d�veloppement durable passe par les architectes qui doivent avoir la connaissance n�cessaire pour engager cette d�marche. C’est pourquoi le Conseil de l’ordre d�pense une grande �nergie dans ce domaine. Dans chaque r�gion, il existe des centres de formation longue.
Par ailleurs, nous sortons un DVD de formation – information qui est distribu� actuellement � tous architectes, pour qu’ils aient tous un niveau minimum en mati�re de d�veloppement durable.
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