Selon une récente étude scientifique, le fameux trou dans la couche d’ozone participerait à l’acidification des océans. Ces résultats devraient rendre les prochaines projections du GIEC encore un peu plus pessimistes quand à l’avenir de la planète.
L’ozone a-t-il un impact sur le rôle de « réservoir de carbone » de l’océan ? la réponse est oui à en croire des chercheurs de trois laboratoires rattachés à l’INSU-CNRS, à l’UPMC, au CEA, à l’IRD, au MNHN et à l’UVSQ. Au moyen de simulations inédites, ils viennent de mettre en évidence que le trou dans la couche d’ozone réduisait l’absorption du carbone atmosphérique par l’océan Austral, et participait à l’augmentation de l’acidité des océans.
Selon le communiqué du Commissariat à l’énergie atomique, ces résultats, qui viennent d’être publiés en ligne dans la revue Geophysical Research Letters, devraient avoir une influence non négligeable sur les prochains modèles du GIEC, qui, pour l’instant, ne tiennent pas compte des variations d’ozone.
On sait que l’augmentation du taux de CO2 dans l’atmosphère due aux activités humaines est en partie responsable du réchauffement climatique. En absorbant près de 15 % du carbone anthropique dégagé annuellement, l’océan Austral est l’un des principaux puits de carbone atmosphérique.
Mais son efficacité diminue, alors que le taux de carbone atmosphérique continue d’augmenter rapidement ces dernières années. Or, jusqu’à présent, la saturation du puits de carbone dans l’océan Austral n’était pas correctement simulée par les modèles climatiques utilisés.
Modèle plus précis
Pour améliorer ces simulations, une collaboration de climatologues, modélisateurs et océanographes s’est constituée. L’objectif avoué de ces scientifiques était de façonner un modèle qui simule plus correctement la capacité de l’océan Austral en tant que puits de carbone.
Avec la prise en compte de l’évolution des concentrations en ozone stratosphérique de 1975 à nos jours, « les simulations obtenues avec ce modèle reproduisent plus correctement les observations océaniques obtenues sur le terrain ces dernières années », affirme Nicolas Metzl, chercheur au LOCEAN/IPSL et coordinateur du Service d’observation OISO.
Moins d’absorption de CO2 et acidification
Pour le CEA, cette étude souligne deux phénomènes majeurs au niveau de l’océan Austral : une réduction significative de l’absorption de CO2 qui n’est pas compensée dans les autres océans, ainsi qu’une accélération de l’acidification des eaux océaniques des hautes latitudes Sud. Entre 1987 et 2004, ce sont environ 2,3 milliards de tonnes de carbone qui n’ont pas été épongés par les océans. Cela correspond à une diminution relative de près de 10 % du puits de carbone océanique global.
Les simulations révèlent ainsi comment des perturbations de la haute atmosphère (ici, le trou d’ozone) interagissent avec les gaz à effet de serre et le cycle du carbone océanique : elles conduisent à un renforcement des vents d’ouest sur l’océan Austral, provoquant un brassage des eaux océaniques de surface avec les eaux plus profondes, riches en CO2, limitant ainsi le pompage du carbone atmosphérique par les eaux de surface.
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