François Moisan, Directeur Exécutif Stratégie et Recherche de l’Ademe. Il évoque le Fonds démonstrateur gérés par l’Agence française destiné à investir 400 millions d’euros sur 4 ans dans des technologies d’avenir.
Pouvez-vous nous expliquer à quoi correspond ce Fond démonstrateur ?
Comme quelques autres pays, la France a décidé de se fixer des objectifs ambitieux en terme de réduction d’émissions de gaz à effet de serre, au-delà des engagements de Kyoto. Pour viser des objectifs élevés en la matière, cela suppose des changements dans notre mode de vie, mais également des innovations voire des ruptures en matière de technologie.
Le but du Fonds démonstrateur est d’expérimenter en grandeur réelle les technologies de demain, qui ne trouveront des marchés qu’en 2015/2020. Nous sommes donc délibérément au-delà des business plan habituels.
Vous ne souhaitez donc que des projets portés par des grands groupes ?
Globalement, l’Ademe apporte un soutien représentant 40% de l’investissement global, même si cela est variable selon les projets. Alors effectivement, il faut que les entreprises soient capables de mettre le restant sur la table.
Cela dit, nous travaillons en majorité avec des grands groupes, il existe aussi des petites entreprises associés à des consortiums.
Vous évoquez 14 projets que l’Ademe a choisi de soutenir, parmi eux, quels sont ceux qui vous apparaissent le plus prometteur ?
Ces projets relèvent de 3 manifestations d’intérêt que nous avons lancé en 2008 dont le premier sur les véhicules routiers à faible émission de gaz à effet de serre, pour lequel on a reçu 11 dossiers. Il s’agit de technologies alternatives par rapport au moteur à combustion classique, comme des véhicules électriques et véhicules hydrides.
Qui sont derrière ces projets, les grands constructeurs ?
Oui, effectivement, ce sont les grands constructeurs traditionnels, qui ont répondu sur un certain nombre de projets, en association avec des équipementiers, comme Valeo ou Michelin. Renault dispose ainsi d’un projet sur un véhicule électrique et PSA sur un véhicule hybride. Il y a également Toyota qui a répondu sur un projet avec EDF.
Tous ces projets sont en rupture avec les modèles classiques. C’est le cas par exemple du moteur roue de Michelin sur lequel il est question désormais d’intégrer également la direction et le freinage.
Par ailleurs, ce Fonds s’intéresse également aux biocarburants de 2e génération?
Il participe au financement de deux gros projets dans ce domaine, à hauteur de 50 millions d’euros d’aide. Plus précisément, il s’agit d’investir dans la voie thermochimique, c’est-à-dire la production d’un gaz de synthèse à partir de la biomasse. Ce gaz de synthèse est destiné à être utilisé soit sous une forme liquide comme biodiesel ou plus simplement en tant que biogaz pour les véhicules qui roulent au gaz naturel.
Il s’agit pour les deux projets d’utiliser la biomasse de 2e génération, la « biomasse lignocellulosique ». C’est GDF Suez qui soutient le projet lié au carburant gazeux et un consortium qui rassemble des professionnels des oléagineux, Sofiproteol, l’IFP, et Total, qui porte le projet de biocarburant liquide.
Et le 3e et dernier volet est consacré au stockage de CO2?
Cet appel à manifestation d’intérêt a été lancé en novembre dernier. Nous avons reçu 5 projets et un premier vient d’être définitivement adopté, qui consiste dans un procédé de capture très innovant. Les autres sont toujours en procédure d’instruction et s’intéressent soit seulement au captage, soit seulement au stockage, soit au deux.
Combien de projets ont été retenu au total ?
Globalement, 18 projets devraient été retenus, dont 14 déjà décidés et 4 encore en cours d’instruction. En volume de recherche, ces projets représentent un effort total de 800 millions d’euros, pour lequel le Fonds démonstrateur participe en moyenne à hauteur de 40%.
S’il fallait n’en retenir qu’un, quel serait le projet qui vous paraît le plus prometteur ?
Il pourrait s’agir du projet Forewheel de Michelin, mais il y en a bien d’autres comme par exemple un projet de recharge rapide d’énergie pour les bus. Je pense aussi au projet de Toyota France associé à EDF, qui souhaite expérimenter une centaine de véhicules Prius à Strasbourg, avec 400 bornes de recharge. Il s’agit d’automobiles hybrides avec beaucoup plus d’autonomie électrique, de l’ordre de 30 km.
Après la validation de ces premiers projets, quel est le programme désormais ?
Nous avons réouvert l’appel à manifestation d’intérêt sur les véhicules décarbonés. Nous allons donc traiter un certains de projets dans ce domaine. Et nous allons lancer début juillet, deux nouveaux appels à manifestation d’intérêt sur les énergies des mers, issues des marées, du courant, ou encore de la houle, et l’autre sur les réseaux électriques intelligents.
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