Nicolas Sarkozy a prononcé hier au Havre, un discours historique sur la politique maritime de la France. Bien accueilli par les écologistes, ce discours marque un virage à 180 degrés de la position de la France en matière de gestion des pêches et de protection de la biodiversité marine.
Dans son discours, le chef de l’Etat a défini la nouvelle doctrine de la France: « Protéger pour mieux pêcher » mettant ainsi un terme à 30 ans de laxisme qui ont conduit à une raréfaction dramatique des stocks et en retour à une crise sociale et économique sans précédent de la filière. Dans un communiqué officiel, le WWF-France salue ce changement de cap mais espère que cette volonté politique n’échouera sur les écueils de la haute administration des ministères concernés.
Ainsi, ce sont trois principales mesures issues du Grenelle de la mer qui ont été énoncées par le Président lors de son discours au Havre. Tout d’abord, la France soutient l’inscription du thon rouge à l’annexe 1 de la CITES afin d’en interdire le commerce international. « Si le thon rouge est retenu à la prochaine réunion de l’instance, en mars prochain à Doha, cela conduira à la fin de la surpêche, au rétablissement des populations de thon rouge et au redéploiement, à moyen terme, de pêcheries artisanales. » a déclaré Serge Orru, Directeur Général du WWF-France.
La France respectera les avis scientifiques
Dorénavant, la France respectera les avis scientifiques dans l’élaboration des quotas de pêche européens. Ceci aura pour effet le rétablissement de la bonne santé des écosystèmes marins et permettra au secteur de la pêche de retrouver le chemin de l’équilibre économique et social.
Enfin, le Président de la République a annoncé l’objectif historique d’instaurer, d’ici 2020, 20% d’aires marines protégées sur les eaux sous juridiction française dont la moitié en réserve marine. On passerait ainsi de 0,6% à 20% en dix ans. Ce qui représente 2,2 millions de km².
« Aujourd’hui considérée comme un mauvais exemple, la France deviendrait leader en matière de gestion des pêches et de protection de la biodiversité marine, si de telles mesures sont effectivement mises en application. » ajoute Charles Braine, Responsable du programme pêche durable et négociateur au Grenelle de la Mer.
« Premier discours politique du genre » pour FNE
Restant vigilante, France Nature Environnement considère néanmoins que ce discours, « le premier du genre à ce niveau politique », peut constituer un véritable changement de cap dans la politique maritime française, s’il est suivi d’effets tangibles. Pour le collectif écologiste, la réalisation d’un « Livre Bleu » et, surtout, la tenue d’un Conseil Interministériel de la Mer et du Littoral (CIMER) d’ici à décembre prochain sont des jalons de bon augure.
La fédération se réjouit notamment de voir repris, parmi ses très nombreuses propositions : une extension considérable des aires marines protégées ; le principe d’une exploitation des ressources sur des bases scientifiques adossé au principe de précaution ; l’inscription en conséquence du thon rouge comme espèce en danger ; le renforcement des contrôles et la création d’une fonction de « garde-côtes française » ; la lutte contre « les voyous des mers » ; ou encore la reconnaissance pour les mers de la qualité de « bien commun pour l’humanité ».
Pour FNE, « on peut parler d’un réel début de prise de conscience des enjeux ».
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