Didier Aumont, directeur général de Port de Cherbourg SAS, explique et défend l’intérêt du projet controversé de Terminal charbonnier sur le port normand, une initiative très critiquée par les écologistes.
Quel est la nature précise du projet que défend le Port de Cherbourg ?
Le Port de Cherbourg est un ancien port d’intérêt national qui a été décentralisé. Il a été transféré de l’Etat à un syndicat mixte composé du Conseil général de Basse-Normandie, et le Conseil général de la Manche. Le principal objectif de ce syndicat baptisé Port Normand associé, est de relancer l’activité du port avec une délégation de service public, et en confier la gestion à un acteur avec un vrai projet de développement.
Concrètement, en quoi consiste ce Terminal ?
La Chambre de commerce a répondu, avec Louis Dreyfus Armateurs, sur un projet de développement de trafic vrac solide. Le Terminal charbon est le premier projet de ce type pour le port de Cherbourg. Il s’agit de faire du transbordement de charbon en provenance de Colombie et d’Afrique du Sud, à destination des centrales anglaises. L’objectif est de prendre une part de marché aux ports du Nord.
Que représente ce projet en terme économique ?
On estime que ce projet représente un chiffre d’affaires de 10 millions d’euros. Pour le port de Cherbourg, ce projet représente une planche de salut, sachant que le trafic transmanche ne se porte pas très bien, avec la crise notamment en Grande-Bretagne et en Irlande. Ce Terminal pourrait nous permettre de quasiment doubler notre chiffre d’affaires, de préserver les emplois actuels et d’envisager de nouvelles embauches.
Que répondez-vous aux opposants notamment écologistes, qui dénoncent un non-sens environnemental ?
Les centrales thermiques anglaises et existeront encore plusieurs années. Il s’agit d’un investissement privé pour capter un trafic maritime. La pérennité de ces centrales est suffisante pour amortir l’investissement qui n’est pas très lourd. Le combat de Greenpeace contre les centrales thermiques n’est pas le nôtre. Cependant, nous sommes ouverts au dialogue.
Greenpeace dénonce directement votre projet comme une atteinte à l’environnement en participant à la promotion du charbon…
Aujourd’hui, le marché anglais existe et devrait durer encore suffisamment longtemps, pour que notre projet soit amorti et viable économiquement. Il a été conçu pour une durée de 8 ans. Nous comprenons très bien le combat de Greenpeace, mais là il se trompe de combat. Il n’est pas question d’installer une centrale à charbon, et au contraire le Terminal permettrait d’améliorer la qualité du charbon et donc de réduire les émissions de CO2.
Avez-vous le soutien total des pouvoirs publics, et notamment celui du ministère de l’Ecologie ?
Les collectivités locales sont bien entendu favorables à ce projet. Par ailleurs, nous n’avons pas rencontré d’opposition de l’administration. Cependant, il y a une enquête publique en cours, et l’administration n’a pas encore rendu ses conclusions.
Comment comptez-vous populariser votre projet auprès de la population locale ?
C’est toute la communication que nous avons organisé autour de notre site internet Pourquoi du charbon. On souhaite répondre à toutes les questions que la population se pose sur ce projet. Notre premier souci avec Louis Dreyfus Armateurs, c’était l’environnement, à savoir comment pouvait s’intégrer au mieux ce Terminal sur le port de Cherbourg. On a réalisé de nombreuses études sur cette question.
Etes-vous très optimiste sur la réalisation de ce Terminal ?
Raisonnablement optimiste. Il ne doit pas rester de question sans réponse. Nous avons été un peu en retrait en terme de communication, avec un déficit dans ce domaine, au lancement de l’enquête publique. On ne réinvente pas la poudre. Mais en terme environnemental, ce projet diminue même le bilan carbone, puisqu’on diminuerait le trafic des bateaux qui naviguent actuellement vers le Nord.
Pour en savoir + : Pourquoi du charbon à Cherbourg et Non au Charbon à Cherbourg
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