Depuis plusieurs années, le thon rouge subit une surpêche qui menace la survie de cette espèce. L’Ifremer annonce avoir réussi à contrôler la reproduction du thon rouge d’Atlantique en captivité, une première étape encourageante qui pourrait permetttre de sauver ce poisson tant convoité.
Les consortiums européens de recherche SELFDOTT, dont l’Ifremer est partenaire, et ALLOTUNA, ont réussi à contrôler la reproduction de thon rouge d’Atlantique (Thunnus thynnus) en captivité. L’obtention d’oeufs viables à partir de thons rouges captifs constitue la première étape indispensable dans la domestication de cette espèce et dans le développement d’une industrie aquacole durable, indépendante des populations sauvages. L’objectif est à moyen terme de parvenir à l’élevage des larves de thon rouge et à la production de juvéniles. Des travaux ont démarré en ce sens, précise l’Ifermer.
Le thon rouge est l’une des espèces les plus convoitées au monde. Son exploitation a atteint aujourd’hui un niveau jamais égalé. Le comité scientifique de la CICTA estime en effet que dans l’ensemble de l’Atlantique Est et du bassin méditerranéen, le volume des captures de thon rouge se situe depuis une décennie autour de 50 000 à 60 000 tonnes/an, c’est-à-dire deux à trois fois le potentiel de production actuel du stock. Les projets SELFDOTT et ALLOTUNA ont été financés par l’Union Européenne dans un souci de réduire la pression de pêche sur le thon rouge et de faciliter la protection de cette espèce.
Pour parvenir au développement d’une industrie aquacole, les efforts de recherche menés dans le cadre de ces projets visent trois objectifs. Tout d’abord, il s’agit de contrôler la ponte du thon rouge en captivité, ensuite développer l’élevage des larves et la production de juvéniles, enfin mettre au point une alimentation appropriée, respectueuse de l’environnement.
Premier objectif atteint
Fin juin, le premier objectif a été atteint. La ponte d’oeufs de thon rouge a été obtenue à deux endroits de la mer Méditerranée en utilisant la même gestion des stocks de thons rouges reproducteurs et les mêmes méthodes d’induction de ponte. Cette réussite est due à plusieurs facteurs : l’alimentation des reproducteurs, la surveillance de la température de l’eau et de la météo, et l’utilisation de l’implant déjà développé pour l’induction de ponte chez les thons rouges dans le cadre d’un autre programme de recherche (REPRODOTT).
Ainsi, le 29 juin dernier, un stock de reproducteurs sauvages, maintenu en captivité en Espagne dans les cages marines du partenaire du projet, Tuna Graso, a démarré la ponte après avoir reçu l’implant. Les poissons ont ensuite pondu de manière quotidienne, produisant au total 140 millions d’oeufs au 17 juillet. Un deuxième stock de reproducteurs maintenu en captivité dans les installations de Marenostro dans la région de Calabre (Vibo Marina) en Italie, a également commencé à pondre trois jours après l’implantation, produisant au total 46 millions d’oeufs sur une période de deux semaines.
Les oeufs produits ont ensuite été envoyés sur plusieurs sites des partenaires des projets SELFDOTT et ALLOTUNA afin de débuter pour la première fois les travaux sur l’élevage larvaire de ce poisson unique : France (station Ifremer de Palavas), Espagne (Puerto de Mazarron, Institut Espagnol d’Océanographie), Italie (l’entreprise Panittica Pugliese), Grèce (Crête, Centre de recherche marine hellénique), Malte (Centre maltais pour les sciences de la pêche) et Israël (Eilat, Centre national de Mariculture).
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