Alors que la secrétaire d’Etat à l’Ecologie demandait hier l’ouverture d’une enquête sur les déchets radioactifs d’EDF envoyés en Sibérie, l’électricien français dément aujourd’hui toute exportation de ce type de déchets vers la Russie.
L’enquête de Laure Nouhalat, journaliste à Libération, et Eric Guéret, reprise dans le documentaire « Déchets: le cauchemar du nucléaire » diffusé hier sur Arte, révélait qu’EDF expédiait en Russie plusieurs tonnes de déchets radioactifs entreposés dans des décharges à ciel ouvert en Sibérie. Suite à ces révélations, Chantal Jouanno a demandé l’ouverture d’une enquête sur de telles pratiques.
Or, France Soir qui revient aujourd’hui sur « l’affaire » affirme qu’EDF dément formellement les accusations qui lui sont portées. « Aucun déchets nucléaires d’EDF n’est transporté en Russie (…) C’est seulement de l’uranium recyclable, issu de traitement de combustible des centrales nucléaires d’EDF qui est transporté en Russie pour être enrichi« . La demande de l’ouverture d’une enquête par la secrétaire d’Etat pourrait alors être assimilée à une remise en cause de la bonne foi de l’électricien.
90% de la matière reste en Russie
Concrètement, le documentaire diffusé hier montre qu’EDF envoie bien de l’uranium à Tomsk, en Sibérie afin que celui-ci soit retraité avant d’être réexpédié en France afin d’alimenter à nouveau les 58 centrales françaises. L’électricien français n’envoie donc pas de déchets dits « ultimes » en Russie mais bien de la matière recyclable. Toutefois, les journalistes expliquent ensuite que « 90% de la matière reste en Russie qui en devient propriétaire« . L’exoflorure d’uranium y est alors stockée dans des conteneurs de 10 mètres de haut et entreposés à l’air libre.
Interrogé par France Soir, le cabinet de Chantal Jouanno confirme que « s’il y a des doutes, il est normal qu’une enquête interne soit diligentée » avant d’ajouter que « le nucléaire relève de la compétence de Jean-Louis Borloo, avec lequel Chantal Jouanno devrait évoquer le sujet« . Contacté par le quotidien, le cabinet de Jean-Louis Borloo n’a pas souhaité réagir.
« On préférerait le faire en France » affirme Anne Lauvergeon
Présente hier soir sur Canal+, dans l’émission de Michel Denisot, Anne Lauvergeon, présidente d’Areva, a tenu à préciser le rôle de son groupe dans cette affaire. « Dans tout ça, on est prestataire de services, c’est-à-dire que nous avons des transports sécurisés qui les emportent en Russie. Nous, ce qu’on préférerait, c’est de le faire en France« , a-t-elle affirmé. La patronne du géant français du nucléaire a même fait acte de candidature pour recycler en France les déchets nucléaires d’EDF actuellement envoyés par ses services en Sibérie.
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