Vraie surprise ou colère feinte ? Le ministre de l’Ecologie vient de demander que la transparence la plus complète soit faite sur la situation décelée sur une des installations du CEA de Cadarache, classée de niveau 2 sur l’échelle internationale des évènements nucléaires par l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN). Entre 15 et 30 kilos de plutonium non référencés ont été découverts sur le site nucléaire en cours de démantèlement.
Il aura fallu attendre près de quatre mois pour que cet incident grave soit rendu public. Une éternité pour un problème de cet ordre, qui confirme la culture du secret d’une industrie nucléaire française qui peine à s’ouvrir à la transparence, et prête le flanc à la critique virulente des associations écologistes.
L’incident est intervenu dans un atelier en cours de démantèlement au CEA de Cadarache où la quantité de plutonium entreposé avait été fortement sous-estimée. L’installation en question est « l’Atelier de Technologie du Plutonium (ATPu) », qui est à l’arrêt définitif et en cours de démantèlement depuis début 2009. Il avait pour activité principale la production de combustible MOX pour des réacteurs nucléaires. Cette mise à l’arrêt et le démantèlement avaient été décidés car le niveau de sûreté ne correspondait plus aux exigences attendues aujourd’hui.
Une inspection de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) a eu lieu vendredi dernier pour caractériser l’évènement et, à la suite de l’inspection, a décidé de reclasser cet événement au niveau 2 de l’échelle INES qui en compte 7. Selon l’ASN l’incident n’a pas eu de conséquences. Cependant, les opérations de démantèlement sont suspendues et elles ne pourront reprendre qu’après autorisation de l’ASN, lorsque toutes les garanties de sûreté pour les opérations de démantèlement auront été prises.
Transparence et exigence de sécurité, deux conditions incontournables
Jean-Louis Borloo qui a pris acte de la décision de l’ASN, souhaite que les enseignements en soient tirés. Le ministre a déclaré que « l’exigence de transparence doit être absolue en matière de sûreté nucléaire et qu’il regrette profondément qu’un tel délai se soit écoulé entre la découverte de cette situation et sa déclaration (trois mois, NDLR). Cette transparence et cette exigence de sécurité sont les conditions incontournables de la fourniture d’électricité d’origine nucléaire. Elles seront respectées ».
Pour rappel, la loi TSN relative à la transparence et à la sécurité en matière nucléaire a renforcé le dispositif de contrôle de la sûreté nucléaire et de la radioprotection et a mis en place des instruments puissants au service de la transparence : un droit à l’information élargi, le Haut comité pour la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire, installé le 18 juin 2008, et un statut officiel pour les Commissions Locales d’Information (CLI). Grâce à la loi TSN, il est également désormais possible de sanctionner des exploitants qui ne respectent pas leurs obligations en la matière, ce qu’a fait l’Autorité de Sûreté Nucléaire en dressant un procès verbal.
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