La qualité des eaux de Loire-Bretagne pose toujours question

Pont des fées rivièreAprès l’adoption du Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux Loire?Bretagne 2010-2015, les écologistes critiquent un manque d’ambition qui ne répond pas à la dégradation généralisée des milieux aquatiques.

Réuni le 15 octobre dernier, le comité de bassin Loire-Bretagne a adopté le Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE) 2010-2015. Si France Nature Environnement reconnaît « l’ampleur de la démarche de concertation menée tout au long des cinq années du processus de révision du SDAGE », le collectif écologiste considère que « le résultat s’avère décevant ».

Pour FNE, « le nouveau SDAGE est loin d’être à la hauteur des enjeux du bassin et des attentes formulées lors de la consultation du public ». Les écologistes rappellent que les représentants des associations (Protection de la Nature, Pêche et Protection Milieu Aquatique et Consommateurs) ont voté à l’unanimité contre ce SDAGE après avoir justifié leur vote en séance.

Dégradation généralisée des milieux aquatiques

FNE souligne que l’état des lieux de 2004 a montré l’ampleur de la dégradation des milieux aquatiques ainsi que l’évolution défavorable de la qualité des têtes de bassin. La carte des cours d’eau en « très bon état », concernant seulement 1% des masses d’eau du bassin, apporte une vision photographique de l’étendue de cette dégradation. Mais elle ne figure plus dans le SDAGE. Elle devrait pourtant nous servir de fil conducteur et d’objectifs à atteindre puisque le bon état ne caractérise qu’un état de pollution acceptable des milieux aquatiques.

« De nombreuses nappes d’eau souterraines sont fortement contaminées » et, pour certaines, pour des dizaines d’années, même si les pratiques responsables de ces situations changeaient. La nappe de Beauce en est un exemple emblématique : on abandonne des captages, et on y distribue une eau non-conforme, affirme FNE.

Pour les écologistes, le tableau est alarmant. « L’ensemble du bassin est classé en Zone Sensible à l’eutrophisation. Les zones humides régressent, l’eau se raréfie et sa qualité se dégrade ». FNE souligne que « les zones vulnérables définies par la directive nitrates d’origine agricole, représentent 54% de la surface du bassin, soit une augmentation de 2% entre les deux dernières campagnes d’analyses », même si l’on note dans l’ouest du bassin des réductions ponctuelles.

Les marées vertes s’amplifient

Enfin, FNE évoque le phénomène des marées vertes, conséquence essentiellement des excès de nitrates et de phosphore, qui s’amplifie et s’installe sur des plages qui jusqu’ici étaient épargnées, en Loire Atlantique, en Vendée par exemple. Cette pollution s’est même révélée mortelle sur plusieurs animaux et peut-être un homme cet été, en raison de l’émanation de sulfure d’hydrogène par les algues en décomposition.

Pour Bernard Rousseau, responsable des politiques de l’eau à FNE et administrateur de l’agence de l’eau Loire-Bretagne : « au cours de ces deux années, de réunion en réunion, les « dispositions » du SDAGE ont été régulièrement affaiblies. ». Pour Gilles Huet, délégué régional de Eau et Rivières de Bretagne et membre du comité de bassin : « les acteurs de cette négociation ont continué comme par le passé à défendre leur intérêts, ne tenant aucunement compte de l’état de dégradation du bassin ni de l’avis du public qui, pour la première fois, lors des consultations, a pu s’exprimer sur la gestion de l’eau en France et montré clairement qu’il voulait un SDAGE plus ambitieux. »

Le SDAGE s’est fixé 7 grands objectifs à savoir gagner la bataille de l’alimentation en eau potable, poursuivre l’amélioration de la qualité des eaux de surface, retrouver des rivières vivantes et mieux les gérer, sauvegarder et mettre en valeur les zones humides, préserver et restaurer les écosystèmes littoraux, réussir la concertation notamment avec l’agriculture et enfin savoir mieux vivre avec les crues.

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