Après l’affaire du plutonium sous-estimé, Cadarache refait parler de lui. Exploitant du site dans les Bouches-du-Rhône, le CEA vient de déclarer hier à l’Autorité de sûreté nucléaire un écart de dépôt d’uranium sous-estimé de 6 kg supérieur à la limite autorisée.
Décidément, le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) a une fâcheuse tendance aux « oublis ». Après l’incident révélé il y a peu dans l’Atelier de plutonium (ATPu), c’est aujourd’hui la Station de Traitement, d’Assainissement et de Reconditionnement (STAR) qui pose problème. Le CEA vient d’annoncer hier « un écart d’estimation de la quantité de matière nucléaire (Uranium très faiblement enrichi) en rétention dans la cellule n°1 de l’installation nucléaire STAR de Cadarache ».
Selon le communiqué du CEA, à la suite du constat fait le 6 octobre 2009 d’une rétention de plutonium supérieure aux quantités estimées en fin d’exploitation des ateliers de technologie du plutonium (ATPu) du CEA à Cadarache, dans une logique de retour d’expérience qui est de rigueur en matière de sûreté nucléaire, la direction générale du CEA a donné aussitôt instruction de faire, dans les meilleurs délais, un bilan complet de la « rétention » potentielle de matière dans toutes les installations faisant l’objet d’assainissement.
Dans le cadre de cette opération, dans laquelle le CEA s’est décidé à faire un grand ménage, « il a été constaté l’existence d’une rétention d’uranium légèrement enrichi (enrichissement inférieur à 1,65%) supérieure de 6 kg à la limite autorisée de 4 kg dans la cellule blindée C1 de l’installation STAR de Cadarache ». Cette cellule a servi entre 1994 et 2006 à conditionner une vingtaine de tonnes de combustibles usés issus de la filière UNGG (Uranium Naturel Graphite Gaz) pour leur permettre d’entrer dans une filière de gestion des déchets nucléaires.
Aucun risque selon le CEA
Le CEA rappelle que la filière UNGG, filière de première génération de production électrique en France, comporte 9 réacteurs qui sont tous à l’arrêt depuis 1994 et sont alors entrés en phase d’assainissement-démantèlement, constituant ainsi une première à cet égard. L’assainissement de la cellule C1 a débuté le 14 février 2008.
Les résidus récupérés, en fin d’opération d’assainissement, ont été progressivement placés dans 19 étuis de conditionnement. L’analyse des 6 premiers étuis par spectrométrie gamma s’est déroulée en octobre 2009. Les résultats ont été dépouillés du 12 au 22 octobre 2009 et ont conduit au constat d’un écart de 6 kg.
Selon le CEA, « à aucun moment, il n’y a eu de risques ni pour le personnel, ni pour la population avoisinante, ni pour l’environnement ; la limite de sûreté n’a jamais été dépassée durant la phase d’exploitation. La masse totale d’uranium dit de rétention, soit 10 kg, est restée largement en dessous des 184 kg d’uranium autorisés vis-à-vis du risque de criticité ». L’autorité de sûreté nucléaire a été informée de cet écart par voie téléphonique dès le 22 octobre et une déclaration formelle avec proposition de classement au niveau 1 de l’échelle INES, qui en compte 7, lui a été adressée ce jour.
« Grave état de délabrement »
Pour les écologistes de « Sortir du nucléaire », ce nouvel incident est la conséquence de 50 ans d’exploitation nucléaire incontrôlée, avec aujourd’hui « d’innombrables installations nucléaires qui sont aujourd’hui dans un grave état de délabrement, qui contiennent des quantités souvent indéfinies de diverses matières nucléaires, et qui font courir le risque de graves accidents nucléaires ».
Pour les anti-nucléaires, « il est important que les citoyens, en particulier les habitants de la région Provence-Alpes-Cote d’Azur (PACA), sachent que le site de Cadarache contient de nombreuses autres installations nucléaires dont la plupart sont obsolètes et réservent assurément de très mauvaises surprises. La problématique est assurément la même dans divers autres sites, et en particulier dans les autres sites nucléaires « monstrueux » que sont Marcoule (Gard), Tricastin (Drôme/Vaucluse) et La Hague (Manche) ».
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