Croisons les doigts pour que l’hiver ne soit pas trop rigoureux. La France va devoir faire face à un important déficit d’électricité dans les mois qui viennent, avec des risques de rupture d’approvisionnement en cas de froid « intense et durable ».
Selon l’analyse que vient de publier RTE, en matière d’électricité, la situation est « nettement moins favorable que les années précédentes ». La France va devoir importer une partie de son énergie cet hiver, avec un risque de rupture d’approvisionnement en cas d’hiver glacial. Sans être encore dramatique, la situation énergétique de l’hexagone est tendue.
RTE réalise tous les ans une étude prospective de l’équilibre entre l’offre et la demande d’électricité pour l’hiver à venir, sur l’ensemble de la France continentale. « Cette saison est en effet caractérisée par de forts niveaux de la consommation électrique en ces périodes de températures basses » affirme la filiale française d’EDF. L’étude permet d’identifier les périodes de tension sur cet équilibre ; elle explore les leviers à activer par les acteurs du marché de l’électricité et par RTE pour éviter toute rupture d’approvisionnement pendant les pointes de la consommation en France.
Pour l’hiver 2009-2010, l’étude est basée sur des prévisions de consommation d’électricité relativement stables par rapport au réalisé de l’hiver dernier, avec une pointe estimée à 83 500 MW la première semaine de janvier, pour des températures conformes aux normales saisonnières. Sur la base des éléments transmis par les producteurs fin octobre 2009, la disponibilité prévisionnelle du parc de production français pour cet hiver est en très net retrait par rapport à l’hiver dernier sur les mois de novembre à janvier. L’arrivée de nouvelles centrales (principalement éoliennes et thermiques à flamme) ne compense pas la baisse conjoncturelle très prononcée de la disponibilité du parc de production français.
4.000 MW devraient être importés
Pour des températures proches des normales saisonnières, des importations pourraient s’avérer nécessaires de mi-novembre 2009 à fin janvier 2010 pour couvrir la consommation d’électricité en France et satisfaire ainsi le critère technique de marge de sécurité retenu par RTE. Pour ce faire, les fournisseurs devraient alors avoir recours aux marchés européens, en complément de l’activation des effacements de consommation dont ils disposent dans leur portefeuille de clients.
Le niveau d’importation estimé pourrait ainsi être de l’ordre de 4 000 MW de novembre 2009 à janvier 2010. Mais plus que ce déséquilibre, ce qui inquiète c’est la difficulté pour les infrastructures actuelles françaises de faire face aux pics de consommation attendus entre décembre et février prochains. RTE ne cache pas que la crise menace.
En cas de vague de froid intense et durable, les marges prévisionnelles se réduiront du fait de la forte dépendance du niveau de la consommation électrique aux températures. Des importations plus importantes pourraient s’avérer nécessaires pour couvrir la consommation d’électricité en France. Avec des températures de 7 à 8°C durablement sous les normales saisonnières, le niveau d’importations pourrait atteindre la limite technique acceptable par le réseau français.
Effacements, baisses de tension et délestages
Dans une telle situation, RTE annonce que les fournisseurs du marché français pourraient mettre en ?uvre des effacements supplémentaires de la consommation sur leurs portefeuilles de clients. Si nécessaire, RTE devra faire appel à des moyens exceptionnels et à des actions de sauvegarde (baisse de tension de 5 %, délestage de consommation en dernier recours).
Afin de modérer au maximum les périodes de crise, RTE tente se sensibiliser les consommateurs depuis plusieurs années. Pour maîtriser efficacement et durablement la consommation d’électricité, y compris instantanée, RTE encourage les comportements actifs et réguliers dans le temps par des gestes simples comme éteindre la lumière dans les pièces inoccupées, les appareils en veille, user avec raison du chauffage électrique et des appareils électroménagers, etc.
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