Les pneus sortent de leur statut de « déchets » pour intégrer celui plus « glorieux » de combustible de substitution. Ce transfert de statut est le résultat de six ans de travail de la part d’Aliapur, filière française de valorisation des pneus usagés.
En France, l’industrie du ciment utilise le pneu usagé comme combustible de substitution depuis les années 70. Bien avant la création d’Aliapur, les cimentiers avaient connaissance de son remarquable potentiel énergétique et de l’absence de son impact sur l’environnement grâce à la mise en place de systèmes de traitement des fumées à la sortie des fours. Mais cette connaissance acquise par l’expérience n’avait jamais été prouvée scientifiquement. Ainsi, jusqu’à présent, le pneu usagé était toujours considéré comme un déchet et non comme un combustible traditionnel à l’égal du charbon ou du coke de pétrole. C’est précisément ce qui vient de changer, grâce à une étude menée par Aliapur et unique en Europe.
En effet, depuis la création de la filière en 2004, Aliapur a engagé un vaste travail de structuration et de caractérisation, destiné à sortir le pneu de son statut réducteur de déchet pour en faire un produit fiable et performant : la traçabilité des pneus a été mise en place dès leur collecte ; les entreprises de valorisation ont désormais une garantie d’accès à des volumes identifiés et quantifiés ; la qualité de la coupe des pneus a été homogénéisée sur tous les sites de broyage ; les broyats ainsi obtenus ont été standardisés quel que soit le type de machine-outil utilisée; et trois tailles de broyats ont été caractérisées en fonction de leur utilisation postérieure et des impératifs techniques des industriels.
Un pouvoir calorifique proche de celui du charbon
Pour l’utilisation du pneu usagé dans l’industrie cimentière et sa comparaison avec les combustibles fossiles traditionnels, les travaux du service Recherche & Développement d’Aliapur ont porté sur des broyats de pneus de voiture et de poids-lourd prélevés sur huit sites de transformation. Cette étude a duré trois ans, pendant lesquels Aliapur a travaillé avec six laboratoires, cinq en France et un en Californie. Cette étude vient d’être achevée avec succès et, afin de garantir une parfaite objectivité des données et des résultats obtenus, leur synthèse a été rédigée en partenariat avec le cabinet expert indépendant Price Waterhouse Coopers.
Il en ressort ainsi la confirmation scientifique que le pneu usagé utilisé comme combustible présente un pouvoir calorifique élevé, très proche de celui du charbon et comparable à celui du coke de pétrole, ce qui permet de positionner le pneu parmi les principaux autres combustibles solides traditionnels ? ces combustibles dits « nobles ».
Mais il apparaît également que l’utilisation du pneu permet de réduire significativement les émissions de CO2 fossile à l’origine de l’effet de serre, puisque le pneu est constitué en grande partie du caoutchouc naturel issu de la culture de l’hévéa. Une part de la teneur en carbone du pneu est donc d’origine biomasse, cette biomasse étant considérée comme neutre vis-à-vis de l’effet de serre.
Or les industries du ciment sont très sensibles à leurs émissions de CO2, qu’elles doivent déclarer chaque année et qui font l’objet d’un quota à ne pas dépasser. Elles se sont donc montrées particulièrement intéressées par l’étude d’Aliapur, unique en Europe, puisque le choix du pneu comme combustible leur permet de réduire leur facture énergétique, à l’inverse du charbon et du coke de pétrole.
Achevées en juillet 2009, ces recherches ont été présentées au ministère de l’Environnement qui s’apprête à en faire un document de référence pour le calcul des émissions de CO2 en cimenterie.
Commentaires récents