Les Autorités de sûreté britannique (HSE), finlandaise (STUK) et française (ASN) ont décidé de publier une déclaration commune destinée à « améliorer la conception initiale de l’EPR » en terme de sécurité. L’avertissement est sérieux pour Areva.
C’est une première dans l’histoire du nucléaire et une sacrée claque pour le groupe d’Anne Lauvergeon. Trois organismes européens en charge de la sécurité nucléaire de leur pays ont choisi de s’unir pour tirer la sonnette d’alarme. Selon eux, le réacteur de 3e génération développé par Areva doit être modifié, car il ne garantit pas en l’état un niveau de sécurité suffisant.
Plus précisément, c’est le logiciel de contrôle-commande, c’est-à-dire le programme informatique destiné à piloter en temps réel la centrale, et procéder à un éventuel arrêt d’urgence en cas d’incident qui pose problème. Si la nouvelle génération de réacteurs nucléaires d’Areva n’est pas totalement remise en cause, elle subit un revers inquiétant.
En invitant les acteurs du projet à revoir leur copie, et à améliorer certains éléments initiaux, les autorités de sûreté nucléaire jettent une pierre dans le jardin du réacteur français. Et double camouflet, c’est précisément l’autorité française qui demande à l’exploitant national de l’EPR dans l’hexagone, de s’amender et d’apporter une solution à cette faille de sécurité.
En cohérence avec cette déclaration, l’ASN a en effet adressé à EDF, l’exploitant du futur EPR en chantier à Flamanville, après analyse de l’IRSN et consultation du groupe permanent d’experts pour les réacteurs nucléaires, une lettre dans laquelle elle lui demande notamment d’apporter des modifications à la conception de ce système ainsi que des justifications de sûreté complémentaires.
Et l’ASN n’y va pas par quatre chemins. L’autorité française demande clairement à l’électricien historique de préparer une alternative en évoquant « l’ampleur et la complexité des démonstrations restant à fournir ».
Apporter toutes les réponses d’ici la fin de l’année
Décidément, rien n’aura été épargné au modèle de 3e génération français. Pour rappel, le chantier d’Olkiluoto rencontre de sérieuses difficultés en Finlande au point d’accuser déjà 3 ans de retard. Areva a d’ores et déjà provisionné 2,3 milliards d’euros pour cette aventure scandinave qui pourrait encore essuyer de nouveaux revers avec notamment l’électricien TVO.
Du côté d’Areva et d’EDF, on se dit confiant. Pour le géant français de l’atome, « cette démarche de dialogue permanent entre les exploitants, les constructeurs et les autorités de sûreté fait partie intégrante du processus de certification et de construction des nouveaux réacteurs. La sûreté du réacteur EPR n’est pas mise en cause et Areva travaille actuellement avec les autorités de chaque pays afin d’apporter des adaptations qui répondent aux exigences locales (?) Areva et EDF s’engagent à apporter toutes les réponses attendues d’ici la fin de l’année ». Dont acte.
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