Le centre de stockage de la Manche, plus ancien centre de stockage de déchets nucléaires français, est fermé depuis une quinzaine d’années maintenant. Toutefois, des affaissements de terrain en cours de réparation, inquiètent certains experts en raison du plutonium hautement radioactif présent sur le site.
Situé à Digulleville dans la Manche, près de l’usine de retraitement d’Areva, ce centre de stockage de déchets nucléaires, le premier construit en France, a été conçu pour accueillir les matières de faible et moyenne activité à vie courte (FMA-VC), dont la radioactivité est très fortement atténuée au bout de 300 ans. Mais, ses 15 ha de talus recouverts de pelouse contiennent aussi du plutonium dont « l’activité est très faible après 200 000 ans » et des polluants chimiques, reçus à une époque où le stockage était moins réglementé.
C’est pourquoi l’affaissement du terrain inquiète les experts. Jean-Pierre Verviale, directeur du CSM à l’Andra explique que « le sol s’est affaissé d’un coup de 30 cm en 1999 puis de 20 cm en dix ans sur une surface équivalente à une cage de football, à comparer à la surface du centre, soit 12 terrains de foot« . Dès la stabilisation du sol, les travaux de comblement ont pu commencer.
Mettre un emplâtre sur une jambe de bois
Ces travaux vont également être l’occasion de vérifier l’état de la couverture bitumeuse qui isole les 930.000 tonnes de dcéhets de la nappe phréatique avoisinante. Si cette couverture a prouvé « sa grande élasticité« , les observations ont révélé que l’affaissement a été provoqué par les premiers fûts partiellement remplis avec du matériel contaminé sans être comblés avec du béton comme c’est la règle aujourd’hui.
Pour Christian Kernaonet, ancien ingénieur sécurité au Commissariat à l’énergie atomique à la retraite, les travaux menés reviennent à « mettre un emplâtre sur une jambe de bois« . Il prédit des effondrements à venir de « 1 à 2 mètres de haut sur 80 à 100 mètres de long« . Selon lui, la couverture en place ne tiendra pas dans ces conditions et la nappe phréatique risque d’être contaminée pour des millénaires. Il préconise alors un reconditionnement total des déchets.
Quant à l’Association pour le contrôle de la radioactivité de l’Ouest (ACRO), qui siège au Haut comité pour la transparence sur la sécurité nucléaire (HCTISC), elle va plus loin: selon elle, le centre fuit déjà. EN effet, elle aurait relever des traces de tritium anormales dans une rivière proche.
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