Au bénéficie du doute, le tribunal correctionnel de Toulouse a choisi la relaxe pour Grande Paroisse, filiale du groupe Total dans l’affaire de l’explosion du site AZF, qui a provoqué la mort de 31 personnes en 2001. Le Parquet a décidé ce matin de faire appel.
Le parquet avait requis la condamnation de la société à 225.000 euros d’amende, peine maximale prévue par la loi pour « homicides et blessures involontaires », mais également 3 ans de prison avec sursis et 45.000 euros d’amende contre Serge Biechelin. A la surprise des plaignants, après des années d’enquête, d’expertises en tout genre, la justice française a finalement relaxé l’entreprise Grande Paroisse, « au bénéfice du doute », ainsi que Serge Biechelin, ancien directeur de l’usine.
L’explosion de l’usine chimique AZF avait fait 31 morts, 20 000 blessés et d’importants dégâts matériels autour du site toulousain en 2001. Cet accident avait été provoqué par le stockage imprudent au sein du même bâtiment de matières chlorées et nitratées, potentiellement explosives lorsqu’elles sont associées.
Les juges ont motivé leur décision par les incertitudes du dossier concernant le scénario exact de l’accident, expliquant que son jugement ne peut être fondé sur « sur des hypothèses et des probabilités ».Pour le tribunal « Il demeure une inconnue concernant le processus exact d’initiation de l’explosion ».
Pas de lien de causalité
Si le tribunal a bien relevé des fautes de la filiale de Total, comme notamment des stockages dangereux et un manque général de sécurité liée au chauffage ou encore à l’incendie, les juges ont considéré qu’il n’était pas possible de prouver un « lien de causalité certain entre la faute et les dommages provoqués par une série de dérives organisationnelles ». Le tribunal correctionnel a rejeté la citation directe délivrée par certaines victimes contre le groupe Total lui-même et son ancien dirigeant Thierry Desmarest.
Avec l’appel du Parquet, la société Grande Paroisse et l’ancien directeur de l’usine Serge Biechelin seront donc rejugés. Révoltés par cette première décision, les victimes de cette catastrophe pourront de nouveau tenter de faire entendre leur voix devant la justice.
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