Marc Girard, médecin, expert en pharmacovigilance et pharmaco-épidémiologie. Le mathématicien de formation dénonce, les relations troubles de l’industrie de la santé avec les autorités gouvernementales, qui conduisent aujourd’hui organiser la plus grande politique de vaccination jamais lancée en France, contre la grippe A.
Vous dénoncez le scandale de la politique vaccinale actuelle contre la grippe A, pourquoi cette virulence ?
Je ne suis guère plus virulent que ce bon virus de la grippe porcine : ce n’est pas ma faute si l’application du principe logique élémentaire de non-contradiction jette une lumière ravageante sur la communication des autorités en matière de grippe.
Comment pouvez-vous être aussi affirmatif, alors la grande majorité des experts de la santé sont favorables à cette vaccination ?
L’expertise n’est pas, par essence, un processus « démocratique » en ce sens que la majorité n’y fait pas la loi : c’est un lieu commun facile à vérifier que, dans l’histoire des sciences, ce sont bien les minorités, et mêmes les hommes seuls qui ont fait avancer la connaissance.
Vos critiques se concentrent sur l’aspect réglementaire et politique de cette campagne, n’avez-vous pas l’impression de brouiller le message essentiel, en jouant sur la peur des Français ?
Si personne n’est présumé avoir des compétences en virologie, immunologie, pharmacovigilance, pharmacoépidémiologie, en revanche « nul n’est censé ignorer la loi ». Revenir à la législation et à la règlementation qui en découle, c’est au contraire déposséder les (pseudo) experts de leurs prérogatives le plus souvent usurpées et replacer la question posée dans le débat démocratique.
En dénonçant un processus décisionnel trouble, vous évoquez même une possible corruption, qu’est-ce qui vous permet d’avancer de tels soupçons ?
Je vous renvoie à l’article paru dans Le Parisien le 20 octobre 2009 pour un certain nombre de révélations (NDLR : « Les pouvoirs publics sont infiltrés par des représentants des firmes pharmaceutiques, il faudrait qu’ils balayent devant leur porte ! » indiquait Marc Girard), ainsi que le chapitre 2 de mon bouquin pour la conduite à tenir dans l’évaluation des liens d’intérêts des experts.
Pour revenir sur le plan strictement sanitaire, les chiffres semblent donner raison aux promoteurs de cette campagne en vertu du principe « bénéfice / risque »?
Il va falloir m’expliquer pourquoi : j’ai entendu parler d’une cinquantaine de morts cette année avec la grippe porcine alors qu’avec une grippe saisonnière banale, on en attend entre 4000 et 6000 (soit, à la louche, 100 fois plus) ; à l’inverse, on dénombre 7 morts sur 2000 patients traités lors du développement de Panderix, ce que je n’ai encore jamais vu en 30 ans de recherche clinique pour un produit à visée préventive.
Finalement, faut-il éviter de se faire vacciner, même avec des facteurs de risques ?
Je ne peux garantir à personne qu’il ne mourra pas de la grippe (ou d’être renversé par une voiture) ; mais j’ai toute ma compétence professionnelle pour démontrer que sur la base des données disponibles (par opposition aux arguments marketing véhiculés sans le moindre élément de preuve par les lobbies et leurs affidés gouvernementaux ou expertaux), le risque inhérent à une vaccination antigrippale est, actuellement, nettement plus élevé que le risque naturel d’une grippe porcine.
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