Depuis juin 2000, l’Ademe réalise chaque année une enquête portant sur les représentations de l’effet de serre par les Français. A la veille du sommet de Copenhague, l’organisme dévoile l’analyse comparative effectuée sur 10 ans de résultats depuis la première édition. Cette comparaison met en évidence la forte évolution de la perception des Français du changement climatique et leur prise de conscience de l’impact des activités humaines sur l’effet de serre.
« Nous avons une opinion publique française très mâture qui a pleinement conscience des enjeux liés à Copenhague? » observe Jean-Louis Borloo. Les Français ont en effet progressivement compris la nécessité d’agir pour limiter l’effet de serre et ses conséquences sur le climat : aujourd’hui, 50% des personnes interrogées affirment que l’effet de serre est la cause des désordres climatiques, contre 32% en 2001.
70% des personnes interrogées reconnaissent par ailleurs que l’effet de serre est une certitude pour les scientifiques, contre 60% en 2001. Une évolution qui peut trouver des explications dans les épisodes climatiques exceptionnels des dernières années mais également dans l’impact des différentes campagnes de sensibilisation et d’incitation au
changement de comportements mises en oeuvre par le ministère du Développement durable et l’Ademe dans le cadre du Grenelle de l’Environnement.
Une prise de conscience progressive de la gravité de l’effet de serre
En 10 ans, l’ordre des priorités a changé : la lutte contre l’effet de serre est devenue la première préoccupation environnementale pour la majorité des répondants (28% en 2009 contre 19% en 2005 ), devançant depuis 2007 la lutte contre la pollution de l’eau et de l’air. Cette évolution s’explique entre autres par une meilleure, bien qu’encore modeste, compréhension de ce phénomène environnemental. En effet, si près d’un tiers des Français ne savait donner aucune définition (juste ou non) de l’effet de serre il y a 10 ans, ils ne sont maintenant plus que 10%. Le taux de réponse correcte à cette question reste cependant faible (moins de 20% des répondants) et certaines contrevérités persistent : par exemple, l’attribution erronée de l’effet de serre au trou de la couche d’ozone est depuis 2002 la première des explications données par les Français (environ 25%).
En 10 ans, les Français ont aussi pris conscience que le réchauffement climatique est lié à l’activité humaine, même si ce lien reste confus. Parmi les activités citées comme ayant le plus fort impact1, on trouve les activités industrielles (93%), les transports (89%), la destruction des forêts (90%). Mais 76% considèrent encore que les bombes aérosols ont un 1 Questions à réponses multiples impact fort sur le réchauffement climatique (confondant ainsi l’impact sur la couche d’ozone et celui sur le réchauffement) de même que les centrales nucléaires qui sont citées, sans changement depuis 10 ans, par près de 60% des répondants.
Les Français se sont progressivement rendu compte que leur comportement quotidien avait un impact essentiel sur l’environnement : ainsi le chauffage des bâtiments est aujourd’hui cité par 70% des répondants comme l’une des causes de l’effet de serre, contre moins de 40% en 2000, et l’isolation des bâtiments est une solution aujourd’hui plébiscitée par 20% des Français (contre 8% en 2001).
Une mobilisation croissante pour limiter le réchauffement climatique
En 5 ans, les Français admettent de plus en plus qu’il faut agir pour limiter le réchauffement climatique : le taux de répondants considérant ce phénomène comme inéluctable et que l’on ne pourra rien faire pour l’enrayer reste stable autour de 10% depuis 2005 tandis que près des 2/3 estiment qu’il faudra modifier de façon importante nos modes de vie pour empêcher son augmentation. On note d’ailleurs une augmentation significative de ce taux entre 2006 et 2007. En revanche, si les Français semblent réceptifs aux mesures mises en place par les pouvoirs publics pour limiter notre impact sur l’environnement, ils sont de moins en moins nombreux à estimer que c’est seulement aux États de réglementer au niveau mondial l’augmentation de l’effet de serre (18% en 2009, contre 25% en 2006) ou au progrès techniques (10% en 2009 contre 14% en 2000) d’enrayer ce phénomène.
Ces chiffres semblent souligner une mobilisation des Français autour de démarches individuelles de changements des comportements : c’est la mobilisation de tous les individus qui permettra d’atteindre des résultats. Parmi les mesures que les Français pourraient accepter pour agir au quotidien contre le changement climatique, la limitation de la vitesse des automobiles dès leur fabrication, l’interdiction des 4×4 en ville2 et l’obligation pour les propriétaires de rénover et isoler les bâtiments3 arrivent en tête, avec près de 80% d’acceptation pour chacune de ces solutions.
A un niveau individuel, c’est leur comportement vis-à-vis des transports que les Français sont prêts à changer : ainsi l’utilisation des transports en commun plutôt que la voiture et l’achat de voitures consommant moins de carburant sont les deux actions jugées les plus efficaces pour réduire l’effet de serre. Viennent ensuite l’isolation du logement et l’utilisation d’appareils ménagers moins gourmands en énergie.
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