La lutte contre la déforestation a cristallisé les tensions hier à Copenhague. En effet, Brice Lalonde, chef de la délégation tricolore à Copenhague s’est vivement emporté contre la présidence suédoise.
L’ambassadeur de France en charge des questions climatiques a haussé le ton hier au Danemark, sans manier la langue diplomatique. Visiblement énervé, Brice Lalonde a dénoncé une tentative de « comptabilité complaisante, voire frauduleuse« , de la part notamment de pays forestiers comme l’Autriche, la Finlande et la Suède, présidente en exercice de l’Union européenne.
« Je m’oppose à la présidence suédoise sur sa proposition de position sur les forêts car elle décrédibilise l’Union européenne » s’est emporté Brice Lalonde lors d’une réunion à huis clos entre négociateurs européens hier à Copenhague. « Et ça a clashé fort. Si je ne suis pas soutenu par l’Elysée, je ne serais plus là demain. Mais on ne peut pas laisser passer une tentative de comptabilité complaisante, voire frauduleuse » confiait-il au quotidien Libération.
Le futur accord doit garantir une meilleure prise en compte du rôle des forêts tant comme émetteurs de gaz à effet de serre, quand on les coupe et qu’on les brûle, que comme puits de carbone, capables de stocker le CO2, quand on les conserve. Sur ce point les avis divergent au sein même de l’Union européenne entre les pays forestiers comme la Finlande ou l’Autriche et les autres comme la France, mais aussi la Belgique ou le Danemark. Ainsi, les pays nordiques demandent aux pays du sud de modifier leur économie afin de réduire la déforestation, responsable de 20% des émissions de GES. Dans le même temps, parmi les pays dits « riches » certains cherchent à ne pas comptabiliser les émissions liées à leur propre récolte de bois qui augmente.
Ubuesque et indéfendable
Parmi les gros consommateurs de bois comme source d’énergie, certains proposent donc une projection fictive de leurs émissions d’ici 2020 –comme une grosse enveloppe– qu’ils s’engageraient à ne pas atteindre. « Il s’agit de plafonds tellement hauts qu’ils n’ont aucune chance d’être atteints« , a expliqué Brice Lalonde à l’AFP. Les pays concernés pourront alors faire valoir qu’ils ont réduit leurs émissions par rapport à ce scénario alors qu’en réalité ils les auront accrues et ces émissions n’apparaitront nulle part.
Selon la délégation française, cette façon de voir les choses constitue une « manip’ qui permettrait de planquer sous la moquette des négociations près d’1,5 millards de tonnes de CO2, soit trois fois les émissions actuelles de la France« . Un expert poursuit que « dans l’absolu, les Etats ne sont pas obligés d’acheter des crédits carbone lorsqu’ils déboisent, du moment qu’ils remplacent les arbres coupés par de nouvelles plantations. Cela ne signifie pas pour autant une absence d’impact, puisque ces nouveaux arbres n’absorbent pas autant de CO2″. La France se montre donc inflexible sur le principe de comptabilité transparente. « Ubuesque et indéfendable« , s’est ainsi que Brice Lalonde a donc qualifié le débat d’hier.
Pour sa prise de position, la délégation française a alors reçu hier dans la soirée les félicitations des ONG qui lui ont temis lors d’une cérémonie digne de la remise des Oscars la prix de « Ray of the day » à savoir, le rayon de soleil de la journée.
Commentaires récents