Le Président de la République a dévoilé hier, lors de sa conférence de presse sur le grand emprunt, les grandes lignes de la future réorganisation de la filière nucléaire française. Se prononçant pour une ouverture à des partenaires européens, Nicolas Sarkozy a annoncé que l’Etat consacrera 1 milliard d’euros d’investissements dans cette filière.
« Est-ce que nous aurons besoin de partenaires extérieurs ? Oui. Je crois que je peux le dire sans risque d’anticiper des décisions », a révélé le chef de l’Etat hier. Sans préciser les noms des éventuels partenaires européens de la filière nucléaire française, Nicolas Sarkozy a cependant expliqué pourquoi cette ouverture européenne était évidente.
Un besoin de financement et de compétence, c’est en substance les deux principales raisons qui justifient une ouverture européenne de la filière nucléaire pour l’heure essentiellement franco-française. « On en aura besoin parce que c’est une filière extrêmement consommatrice en capitaux pour développer des process. Par ailleurs, il y a un problème considérable d’ingénieurs, on a besoin de centaines, de milliers d’ingénieurs dans notre pays (…) et je reste convaincu qu’il est capital que l’Europe ait une politique d’énergie commune », a expliqué le Président.
1 euro dans le renouvelable = 1 euro dans le nucléaire
Mais si le principe semble être déjà validé, rien ne serait encore arrêté. Nicolas Sarkozy a indiqué le cadre défini pour les futures discussions à ce sujet. « C’est une affaire extrêmement complexe (…) dans les semaines qui viennent, on sera amené à faire des choix pour donner les meilleurs choix de développement à la filière nucléaire française, en maintenant (le principe de dépenser) un euro pour le renouvelable, un euro pour le nucléaire », a précisé le Président.
Dans le cadre du grand emprunt, la filière nucléaire bénéficiera de 1 milliard d’euros affectés à la recherche. Ces crédits devront financier différents projets notamment liés au traitement des déchets nucléaires ou encore au développement du futur réacteur à neutrons rapides baptisé Astrid.
« Dans ce milliard d’euros, une centaine de millions sont fléchés pour un meilleur traitement des déchets », a déclaré à l’AFP le directeur de l’énergie nucléaire du Commissariat à l’énergie atomique (CEA), Christophe Béhar. « Les 900 millions restants seront utilisés en grande partie pour un réacteur de démonstration à neutrons rapides refroidis au sodium baptisé Astrid (mise en service est prévue vers 2020). Une autre partie ira au financement d’applications pour la production d’isotopes radioactifs à usages médicaux dans un autre réacteur de démonstration, Jules Horowitz, en construction à Cadarache (Bouches-du-Rhône) », a précisé le patron du CEA à l’agence de presse.
Réponse en avril 2010
Quid d’Areva, d’EDF, et des postulants Total, GDF Suez dans cette redistribution des cartes ? En les citant nommément, Nicolas Sarkozy a rappelé que « c’est une formidable chance pour la France d’avoir des géants de l’énergie ».
Pour rappel, c’est François Roussely, qui a récemment été chargé par l’Elysée, de rédiger un rapport sur l’avenir du nucléaire français. L’ancien patron d’EDF devrait remettre ses conclusions au printemps prochain.
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