Lancée en 1966, la centrale nucléaire des Monts d’Arrée a été mise à l’arrêt en 1985 pour démantèlement. La CRIIRAD dénonce le manque criant d’informations sur les modalités de ce démantèlement et réclame un moratoire national sur cette question.
En cours de démantèlement, le site breton de Brennilis soulève depuis longtemps de nombreuses questions, de la population locale comme de nombreuses associations écologistes. Après avoir déjà couté plus de 480 millions d’euros, les travaux arrivent désormais en phase 3, considérée comme la plus sensible.
Dans ce dossier, en guise de droit à l’information, « le public doit se contenter de l’étude réalisée en 1999 par l’exploitant, une étude censée démontrer l’intérêt du démantèlement différé à 40 ans mais dont la communication a été refusée aux associations » dénoncé la Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité. La CRIIRAD précise que seule une synthèse, impossible à évaluer, est disponible.
« Il n’y a rien »
A l’appui du démantèlement immédiat, option pourtant retenue par les autorités et l’exploitant, « il n’y a rien » selon la Commission. Pour la CRIIRAD, en termes d’information sur ce démantèlement, il n’y a « ni étude, ni synthèse, ni même les références d’une étude ».
Les experts de la Commission sont d’autant plus choqués par cette attitude de l’industrie nucléaire française que ce dossier est censé être « exemplaire », devant servir de modèle aux nombreux chantiers de démantèlement à venir. « Le comble est que les citoyens sont privés de leurs droits avec le soutien d’instances censées garantir le respect des procédures démocratiques » s’insurge la CRIIRAD.
Afin de ne pas apporter sa caution à un dossier fondamentalement incorrect, la CRIIRAD avait décidé dès août 2009 de ne pas participer à l’enquête publique et de ne pas répondre à l’appel d’offre lancé par la CLI pour l’expertise du dossier EDF. Elle ne souhaitait pas se trouver en situation d’analyser les modalités de mise en ?uvre d’un projet dont il n’a pas été démontré au préalable que c’est le bon.
« Un choix national »
La Commission indépendante considère en outre que « le choix de la stratégie de démantèlement doit être effectué au niveau national. Il concerne en effet de nombreuses installations, implantées dans différents départements, et il a des incidences sur les sites de stockage de déchets radioactifs existants ainsi que sur l’opportunité de créer, ou pas, de nouvelles installations d’entreposage » à l’image du projet ICEDA à Bugey dans l’Ain.
En conséquence, la CRIIRAD demande un moratoire sur le démantèlement complet de la centrale nucléaire des Monts d’Arrée. Ce moratoire devra permettre tout d’abord la réalisation d’études comparatives approfondies et contradictoires sur les différentes stratégies de démantèlement, sur leurs avantages et leurs inconvénients et sur leurs implications en termes de transport, d’entreposage et de stockage des déchets radioactifs.
Par ailleurs, le moratoire doit pouvoir ouvrir un débat national. Rappelons que ce débat est demandé par de nombreux citoyens et associations de protection de l’environnement ainsi que par le président du Conseil Général du Finistère qui souligne, dans un courrier adressé le 28 novembre 2009 au ministère de l’Ecologie « l’intérêt d’un débat national sur les options du démantèlement des installations nucléaires en fin de vie ».
Pas de débat démocratique
La CRIIRAD précise que « pour avoir un sens ? pour ne pas être un alibi démocratique de plus ? ce débat doit évidemment intervenir avant les prises de décision au niveau local et être assorti de garanties sur la qualité des informations mises à disposition du public et sur la prise en compte du résultat de la consultation ».
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