Un groupe d’experts issus de plusieurs Académies scientifiques françaises revient sur le rapport publié récemment par l’Affset. S’il concluait sur l’absence de nocivité avérée des radiofréquences, il avait pourtant été interprété de manière inverse.
L’Académie nationale de Médecine, l’Académie des Sciences et l’Académie des Technologies ont constitué un groupe d’experts auquel a été demandé un avis sur les risques sanitaires des radiofréquences. « Il approuve sans réserve les conclusions du rapport scientifique de l’Agence Française de Sécurité Sanitaire Environnementale et au Travail (Afsset) sur les radiofréquences », rendu public le 15 octobre 2009, qui confirment celles de nombreuses autres expertises collectives.
Ce rapport représente « une somme de travail considérable et couvre avec pertinence et pédagogie les questions posées par l’impact sanitaire éventuel des communications sans fil et en particulier de la téléphonie mobile ». Il donne aux citoyens et aux élus les éléments scientifiques nécessaires à une gestion apaisée des questions posées par la téléphonie mobile et permet d’éclairer la justice.
Pas cancérogène
Il montre tout d’abord que les hypothèses concernant les mécanismes biologiques qui auraient pu être à l’origine d’un effet sanitaire des radiofréquences n’ont pas été confirmées. Plus précisément, « les champs électromagnétiques utilisés en téléphonie mobile ne génèrent pas de radicaux libres de l’oxygène et ne potentialisent pas le stress oxydant ».
Selon les conclusions reprises par l’Académie national de Médecine, les champs électromagnétiques ne sont « ni génotoxiques, ni co-énotoxiques, ni mutagènes ». Par ailleurs, et mention importante, « ils n’ont pas d’effet cancérogène ou co-cancérogène ». Précisément, l’Afsset avait souligné « il n’y a pas à ce jour de preuve de l’augmentation du risque de tumeur intracrânienne lié à l’utilisation régulière de téléphone mobile par un phénomène de promotion »
L’agence avait conclu qu’ « aucune preuve convaincante d’un effet biologique particulier des radiofréquences n’est apportée pour des niveaux d’exposition non thermiques, dans les conditions expérimentales testées ».
Conclusions de l’Afsset détournées
Les Académies saluent la démarche « exemplaire » des auteurs du rapport de l’Afsset. Pour rappel, sur 97 études retenues par l’agence, 11 études rapportaient des effets sur la santé, mais « aucune d’entre elles n’a été répliquée alors qu’un critère essentiel de validation scientifique demeure la réplication de la même expérience par d’autres équipes avec l’obtention des mêmes résultats. Par ailleurs, plusieurs étaient en contradiction avec d’autres études. Enfin, les effets rapportés n’étaient été observés qu’à des niveaux d’exposition (DAS) 5 000 à 30 000 fois plus élevés que ceux créés par la quasi-totalité des antennes relais.
Le groupe d’experts rappelle que « le rapport de l’Afsset confirme que l’exposition du public due aux antennes-relais de téléphonie mobile n’engendre pas de risques sanitaires identifiés pour la population riveraine ». Le rapport de l’OPECST et celui de l’ICNIRP parus quelques semaines plus tard arrivent aux mêmes conclusions, souligne le groupe.
Les Académies s’étonnent que la présentation du rapport de l’Afsset n’ait « pas particulièrement insisté sur ces aspects rassurants, mais au contraire sur les 11 études rapportant des effets ». Ces études justifient un essai de réplication mais ne constituent pas pour autant des « signaux d’alerte » crédibles. « Cette présentation a paradoxalement inquiété le public en proposant, sans justifications claires, des mesures de réduction des expositions », s’étonne le groupe d’experts.
Charte de l’expertise
Les Académies soutiennent la réflexion conduite actuellement sur une Charte de l’expertise qui éviterait la traduction inexacte des données de l’expertise scientifique en termes de mesures sanitaires. Les Académies recommandent de « poursuivre les recherches épidémiologiques et biologiques dans le domaine des radiofréquences, en veillant à une méthodologie rigoureuse ».
Les Académies alertent sur « une réduction irréfléchie de l’exposition aux antennes-relais qui pourrait aboutir à un effet inverse pour la grande majorité des français, sans bénéfice sanitaire pour les autres ».
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