C’est une première en France qui pourrait faire du bruit. Des agriculteurs et particuliers, qui s’estiment victimes des pesticides ont décidé de se regrouper à l’initiative d’ONG environnementales (HEAL et le MDRGF) et de Paul François, un agriculteur conventionnel, pour envisager des actions communes.
Une sorte de class action à la française ? Près de l’exploitation de Paul François, agriculteur conventionnel qui se considère intoxiqué par un pesticide et qui a attaqué en justice la firme Monsanto, une quarantaine de personnes victimes des pesticides, se sont réunies pour la première fois afin d’échanger sur ce dossier, considéré par certains comme « le prochain scandale sanitaire » selon le Mouvement pour le Droit et le Respect des Générations Futures.
Les agriculteurs mobilisés sont atteints de Parkinson, de cancer, de troubles multiples. Ils sont en cours de reconnaissance en maladie professionnelle ou ont déjà bénéficié de cette reconnaissance au prix souvent d’un long combat. Cette rencontre entre agriculteurs venus de la toute la France, conventionnels ou « bio » a donné lieu à « des échanges forts, pudiques et constructifs » selon le MDRGF.
Les particuliers également concernés
Par ailleurs, des particuliers, habitants en milieu rural à proximité de champs traités aux pesticides, ont également participé à ces journées d’échanges pour témoigner de leur inquiétude face à des situations complexes, vécues par certains comme des drames quotidiens. Se sentant sans recours face à des voisins agriculteurs ne prenant pas de précautions lors de pulvérisations de pesticides, certains envisageant même de déménager pour échapper à ces troubles, souligne le MDRGF.
Ces rencontres ont été l’occasion de consulter des avocats, ainsi qu’André Picot, un toxicologue afin d’apporter des éléments de réponses aux questionnements des victimes présentes. Pour les organisateurs de cet évènement, cette rencontre est « la première étape d’un processus désormais enclenché ».
Un texte baptisé l’Appel de Ruffec a été présenté à l’ensemble des participants en vue de formuler dans les jours qui viennent des demandes précises à l’attention des autorités publiques. Le MDRGF précise que ces demandes seront transmises officiellement par une délégation de représentants de ces victimes. Les autorités ne pourront pas dire qu’elles ne savaient pas ou que cela n’existe pas.
Appel aux victimes
« Nous remercions toutes celles et ceux qui ont eu le courage de venir témoigner durant ces journées. Nous appelons toutes celles et ceux qui subissent des préjudices du fait d’une exposition aux pesticides, dus à des usages professionnels ou non, de nous rejoindre et de venir avec nous porter nos demandes au gouvernement. » a déclaré François Veillerette, Président du MDRGF
« Nous nous sentons privilégiés de faire partie de ce réseau de personnes qui souffrent des effets de l’exposition aux pesticides. Ce réseau contribuera non seulement à aider plus de personnes à faire en sorte que leur maladie soient reconnues et indemnisées, mais aussi à sensibiliser au fait que les pesticides peuvent provoquer des cancers et autres problèmes de santé graves. Notre intention est maintenant de partager cette expérience dans différents pays européens afin que les produits chimiques ayant notamment des effets cancérigènes soient retirés du marché le plus rapidement possible », déclare Génon Jensen, Directeur exécutif de Health and Environment Alliance (HEAL).
Commentaires récents