Initiée par le ministère de l’Ecologie et réalisée par l’Inra, l’étude Ecophyto R&D évalue les marges de progrès en matière de limitation de l’usage des pesticides. Ses résultats ont été dévoilés par Chantal Jouanno en fin de semaine dernière.
La réduction de l’usage des pesticides est une demande forte des citoyens et une priorité du Gouvernement inscrite dans la loi de programmation relative au Grenelle Environnement. En effet, la loi fixe l’objectif de réduire de moitié l’usage des produits phytopharmaceutiques en 10 ans en accélérant la diffusion de méthodes alternatives sous réserve de leur mise au point. Cette ambition s’est traduite par la mise en ?uvre du plan Ecophyto 2018.
Afin d’évaluer les possibilités techniques et les impacts économiques de la réduction de l’usage de pesticides pour les principales cultures et construire des scénarii nationaux de réduction de l’usage des pesticides, les ministères du développement durable et de l’agriculture ont confié à l’INRA l’organisation de l’étude Ecophyto R&D.
Réduction possible de 30% du recours aux pesticides
Chantal Jouanno, la secrétaire d’Etat chargée de l’Ecologie a ainsi clôturé jeudi dernier le colloque « Ecophyto R&D », dont l’objectif était de présenter et de débattre des résultats de l’étude pour en tirer les enseignements pour l’action publique. Les travaux de l’étude Ecophyto R&D montrent qu’une réduction de l’ordre de 30% du recours aux pesticides serait possible, avec des changements de pratiques substantiels, sans perte de marges pour les agriculteurs dans un contexte économique analogue à celui de l’année 2006, mais avec une diminution des volumes de production (5 % environ en moyenne). Les grandes cultures joueraient un rôle majeur dans cette réduction. Pour ces filières, des réductions de l’ordre de 40 % du recours aux pesticides sans réduction de marge seraient possibles.
L’étude permet également d’identifier des leviers d’action à même de permettre une réduction des utilisations de produits phytosanitaires via la conception, la diffusion et l’adoption de systèmes de culture économes en pesticides.
A cet égard l’étude met en lumière l’importance de la mise en place d’un réseau de 3000 fermes références, d’expérimentation et de démonstration, permettant d’assurer la collecte et la diffusion de données sur les systèmes agricoles à bas intrants, décidée dans le cadre du Plan Ecophyto 2018.
L’attention portée sur le financement
Elle montre enfin que l’effort de recherche agronomique et d’expérimentation sur les itinéraires à bas intrants doit être maintenu dans les années qui viennent. Le financement des travaux de recherche et d’expérimentation fera donc l’objet d’une attention toute particulière dans le cadre du plan Ecophyto 2018.
Pour Chantal Jouanno, cette « étude Ecophyto R&D nous donne aujourd’hui des éléments pour affirmer qu’une réduction de l’utilisation de l’ordre de 30% des pesticides est possible, sans pénaliser le revenu des agriculteurs. Certes, elle suppose de faire preuve d’innovation : c’est une invitation à replacer l’agronomie au c?ur de l’agriculture durable. Nous accompagnerons les acteurs agricoles dans cette démarche« .
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