« Ce n’est pas une urgence, ni une priorité ». Henri Proglio fait plus que mettre de l’eau dans son vin dans l’interview accordée au Figaro, notamment au sujet de son projet de rapprochement de Veolia avec EDF. Chahuté depuis plusieurs semaines, l’heure est à l’apaisement et à une stratégie réaffirmée de développement à l’international.

Après avoir affiché clairement ses ambitions, il y a quelques mois de rapprocher Veolia de l’électricien français, le nouveau patron d’EDF arrondit désormais les angles dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres. Polémique sur sa double casquette, ambition d’EDF dans le nucléaire, tarifs de l’électricité? autant de questions auxquelles Henri Proglio apportent des précisions dans l’entretien accordé au Figaro. Par ailleurs, à peine arrivé, le nouveau président aurait proposé une augmentation salariale de plus de 4% à ses 60 000 salariés.

Désireux de clore définitivement la polémique sur sa double casquette, Henri Proglio rappelle qu’il a passé 38 ans au sein de Veolia, « une aventure extraordinaire » au sein d’ « une très belle entreprise ». Mais fidèle aux engagements pris devant les parlementaires, le nouveau patron d’EDF confirme qu’il prépare son départ de Veolia. « Cette fonction de président de Veolia sera transitoire comme le président de la République l’a confirmé ».

« Capitaine » de la filière nucléaire française

Rappelant les compétences et les ambitions de son groupe en matière nucléaire, Henri Proglio considère qu’EDF a « vocation à jouer un rôle central de coordination de la filière ». Dans ce domaine, Henri Proglio confirme qu’EDF a vocation à être le « capitaine » de la filière nucléaire française à l’export. « Ça ne veut pas dire sélectionneur, mais coordinateur des efforts de la filière afin de la rendre plus efficace », a-t-il précisé.  Une occasion d’expliquer sans le dire clairement, les raisons de l’échec récent du consortium français dirigé par Areva à Abu Dhabi, un marché de 40 milliards de dollars.

A ce titre, le nouveau président entend « renforcer » l’ingénierie du groupe notamment à l’international. Faisant suite aux déclarations tonitruantes de réorganisation lors de son arrivée aux commandes il y a plusieurs semaines, Henri Proglio annonce que François Roussely prépare un rapport sur la réorganisation de la filière nucléaire française pour améliorer ses chances de succès à l’international.

S’agissant de la question du projet de loi sur le rachat de l’électricité nucléaire à prix coûtant, Henri Proglio estime que « tous les opérateurs doivent être encouragés à investir et non pas dissuadés de le faire, ce qui se produira s’ils ont accès à l’électricité d’EDF à un prix défiant toute concurrence ».

Plus globalement, sur la délicate question des tarifs de l’électricité, Henri Proglio affirme n’avoir « rien demandé aux pouvoirs publics » tout en souhaitant dans ce domaine « avoir de la visibilité ». Le patron d’EDF rappelle néanmoins que « les prix de l’électricité en France sont aujourd’hui en moyenne 40 % moins chers que dans les autres pays européens ». Selon lui, « l’idée selon laquelle la concurrence contribuerait à faire baisser les prix dans l’énergie est tout sauf évidente ».

+4,4% pour les 60 000 salariés

Enfin, selon une information des Echos, Henri Proglio aurait proposé un accord salarial plutôt généreux à l’ensemble des 60 000 employés d’EDF SA. Particulièrement ménagé par les syndicats depuis son arrivée, et ce malgré la vive polémique sur sa double casquette et ses rémunérations, le nouveau président semble donner le change.

Un accord salarial aurait été « mis à la signature pour le 18 février » affirme le quotidien économique, date à laquelle les organisations syndicales se prononceront sur cette proposition plutôt généreuse. Il prévoirait « une augmentation totale de l’ordre de 4,4 % si l’on cumule l’ensemble des mesures collectives et individuelles ».

Reste à savoir si EDF a les moyens de financer cette politique sociale ambitieuse, sans viser une augmentation substantielle des tarifs de l’électricité. O combien sensible, la question reste en suspend. Mais la poser, c’est déjà y répondre en partie.