Par France Nature Environnement, qui milite pour la protection du loup en France. Profitant du procès le 18 février prochain d’un chasseur, jugé pour avoir tué un loup il y a quelques mois, le collectif écologiste réaffirme la nécessité de protéger cette espèce, sans nier les contraintes que cette protection impose à l’homme.
Décembre 2009 : battue au sanglier sur la commune d’Esparron dans les Hautes-Alpes. Surpris par l’arrivée d’une jeune louve, un chasseur l’abat. Surpris en flagrant délit, il sera jugé le 18 février prochain à Gap pour avoir détruit un individu d’une espèce protégée. Ces faits poussent les associations de protection de la nature à se constituer partie civile et à rappeler le caractère emblématique du loup, symbole d’une nature sauvage et libre.
Sans nier ou minimiser les difficultés qui subsistent pour le monde de l’élevage, notamment liés aux systèmes d’élevage et surtout au contexte économique de la filière ovine, nous voulons rappeler que les pertes subies par les troupeaux ne sont de loin pas le seul fait du loup (maladies, chiens errants, dérochements?).
FNE, URVN et les associations de terrain SAPN, le CRAVE, Arnica Montana, conscientes des contraintes apportées à l’élevage extensif par le retour naturel des loups, ne sont pas opposées à des tirs exceptionnels résultant d’attaques répétées sur des troupeaux efficacement protégés ; elles l’ont affirmé et assumé par le passé. Elles condamnent par contre tout acte de braconnage de loups, car la destruction d’un individu d’une espèce protégée n’est jamais anodine.
Il faut comprendre que les causes qui ont permis ce retour naturel ne vont pas changer : les évolutions des milieux et des espèces, depuis des décennies, ont créé chez nous comme partout dans l’arc alpin les conditions d’une présence permanente des prédateurs. La présence du loup est un fait durable, dans les Hautes Alpes comme dans d’autres territoires alpins ; l’objectif numéro un doit être d’aider la filière ovine à faire face à cette difficulté et à s’adapter.
Car le loup n’est pas qu’une contrainte : en reprenant sa place au somment de la pyramide écologique il est le garant du bon fonctionnement de l’écosystème entier :
– il empêche la concentration des grands ongulés sauvages qui compromet la régénération naturelle de la forêt et les jeunes plantations,
– il élimine les individus faibles ou malades empêchant la propagation des maladies (les troupeaux de chamois sont régulièrement décimés par la kérato ? conjonctivite),
– il élimine les chiens errants,
– il constitue un vecteur d’image sur la qualité des milieux naturels, support d’un tourisme respectueux de la nature essentiel pour les territoires de montagne.
Aussi en cette année de la biodiversité, le loup devrait pousser tous les acteurs, professionnels de l’élevage, Etat, collectivités et associations de protection de la nature, à faire évoluer les pratiques vers des modes d’élevage adaptés au territoire, à ses capacités et contraintes, vers un tourisme plus respectueux des activités agricoles et d’élevage en montagne et plus respectueux de la nature.
Nous sommes pour notre part convaincus de la nécessité de la préservation de la biodiversité, ainsi que de la possibilité d’une cohabitation entre le loup et l’homme. Si les Etats européens, de toutes orientations, ont pris depuis des décennies des mesures pour protéger de nombreuses espèces animales dont le loup, c’est bien que la conception du rôle de l’homme dans la nature a changé. Ce dont le pastoralisme a besoin, c’est de mesures de soutien réellement courageuses, non de complaisance vis-à-vis de positions anti-prédateurs venues du 19e siècle !
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