Les écologistes demandent un « nouveau souffle » pour l’agriculture durable

A la veille du Salon international de l’agriculture, les écologistes de France Nature Environnement listent 7 dossiers agricoles clés qui ne doivent pas faire les frais de la crise économique, au détriment de l’environnement.

FNE rappelle que 78 000 tonnes de pesticides sont déversés chaque année, que la France ne compte que seulement 2,4% de la surface en agriculture biologique, ou encore que la Bretagne souffre toujours de la prolifération des algues vertes. Pour la fédération écologiste, « deux ans après le Grenelle, l’agriculture a besoin d’un nouveau souffle et l’actualité récente donne peu d’occasions de se réjouir ».

« Avec la crise économique, les priorités sont ailleurs, déplore Jean-Claude Bévillard, responsable des questions agricoles à FNE. De plus en plus inquiètes à propos des revenus, certaines organisations agricoles demandent un gel des mesures environnementales. » A seulement 10 jours de l’ouverture du Salon international de l’agriculture, France Nature Environnement profite de l’occasion pour faire un tableau inquiétant des questions agricoles au regard des enjeux environnementaux.

– 50% de pesticides

Les écologistes reviennent ainsi sur les principaux dossiers du moment et précisent leur position sur le plan algues vertes, la loi de modernisation de l’agriculture, l’étude Ecophyto R&D, la loi Grenelle II, l’agriculture biologique, l’adaptation au changement climatique et la politique agricole commune (PAC). A titre d’exemple, en matière de réduction des pesticides, FNE souligne que l’objectif doit être de diviser de 50% son usage. FNE rappelle que l’étude Ecophyto R&D a prouvé qu’il était possible de réduire dès à présent de 30% l’usage des pesticides sans perte de revenu pour les agriculteurs.

« Les bonnes pratiques doivent être généralisées au plus vite » en matière d’usage modéré de pesticides. Pour aller plus loin et atteindre l’objectif du Grenelle, de réduire de moitié l’usage des pesticides d’ici à 1018, la recherche agronomique doit mettre au point des pratiques innovantes permettant de se passer de pesticides, souligne FNE. Dans cet esprit, FNE souhaite valoriser la certification de l’agriculture à Haute Valeur Environnementale, qui repose sur une faible dépendance aux intrants (moins de 30% du chiffre d’affaires) et une place laissée à la nature (10% de la surface en haies, bandes enherbées, bosquets, etc.).

« Dans ce contexte difficile, nous demandons aux pouvoirs publics de ne pas baisser les bras et de poursuivre sur la lancée du Grenelle : faire réellement évoluer le modèle agricole breton, financer l’agriculture de haute valeur environnementale, faciliter l’accès aux terres pour les producteurs bio, diffuser les pratiques permettant de réduire l’usage des pesticides, indexer les aides publiques à l’agriculture sur de vraies exigences environnementales. » déclare Jean-Claude Bévillard.

Scepticisme

Après la présentation par Bruno Le Maire et Chantal Jouanno d’un plan de lutte contre les algues vertes, FNE demeure plus que circonspect. «  Pour être franc, nous sommes très sceptiques quant à l’efficacité de ce plan. Celui-ci se focalise sur les conséquences – le ramassage des algues ? sans résoudre le fond du problème. La Bretagne représente 7% de la surface agricole française mais concentre 50% des élevages de porcs et de volailles. Eluder cette réalité en espérant atteindre en fin de plan des teneurs en nitrates inférieures à 10 mg/L relève de l’incantation ou de la méthode Coué. Sans réduction drastique du cheptel et sans une réorientation profonde de l’élevage hors sol, il n’y a aucune chance de résoudre ce problème » affirme Jean-Claude Bévillard, en charge responsable des questions agricoles à FNE.

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