Après le discours de Nicolas Sarkozy prononcé hier, à l’ouverture de la Conférence sur le nucléaire civil, les écologistes de France Nature Environnement dénoncent les annonces du Président français qui souhaite doubler la puissance de l’énergie nucléaire dans le monde d’ici 20 ans.
Pour le collectif FNE, « l’énergie nucléaire n’est pas une solution réaliste ». Soulignant que le nucléaire ne couvre actuellement que 2% de l’énergie mondiale consommée, les écologistes affirme que l’objectif du président français de doubler ce chiffre se traduirait par la construction d’une nouvelle centrale nucléaire chaque semaine pendant 20 ans.
A partir d’un parc actuel d’une cinquantaine de réacteurs dans 31 pays, pour une puissance totale de 370 GW, l’énergie nucléaire représenterait autour de 2,5% de l’énergie consommée dans le monde. En se projetant sur les 20 prochaines années, FNE estime que l’objectif présidentiel appellerait nécessairement au renouvellement du parc existant.
Seulement 4% des besoins mondiaux
Il s’agirait donc de doubler le parc existant, et donc de créer 500 réacteurs supplémentaires pour arriver à 1 000 réacteurs nouveaux ou renouvelés dans 20 ans. De manière assez logique, 1 000 réacteurs sur 20 ans, c’est 500 sur 10 ans, soit 50 par an, c’est à dire un par semaine pendant 20 ans, affirme FNE.
Plus globalement, pour les écologistes, le nucléaire n’est pas une énergie propre, sans CO2. « Affirmer l’inverse, c’est faire l’impasse sur l’amont de la filière, l’extraction et le transport de l’uranium en provenance d’Afrique ou d’ailleurs, la construction des centrales, les pics de consommation (qui appellent les centrales au charbon à la rescousse) et les risques présentés par l’aval et les déchets, explique Marc Sénant, chargé de mission risques industriels à France Nature Environnement. Evidemment, une telle partialité présente d’un coup de baguette magique le nucléaire comme la solution à nos problèmes climatiques. »
FNE souligne que l’énergie nucléaire doit être considérée dans son ensemble, notamment à partir de sa filière amont. Ainsi concrètement sur le terrain au Niger, il faudrait manipuler 1 tonne de minerai pour extraire seulement 3 kg d’uranium, soit un rendement de 0,3%. Or pour extraire une tonne de minerai, les machines déployées rejettent des quantités considérables de CO2.
Ni viable ni propre
Selon Marc Sénant de FNE : « Sans parler de la ressource en uranium qui est elle aussi limitée, de la question de la gestion des déchets radioactifs, du risque inhérent de la technologie, entre autres, cela démontre une fois de plus qu’une politique énergétique ne pourrait se reposer sur le nucléaire. »
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