La ministre de la Santé s’expliquera cet après-midi au Sénat devant la commission d’enquête parlementaire chargée d’enquêter sur la gestion publique de l’épidémie de grippe A. L’exercice s’annonce compliqué pour Roselyne Bachelot qui va devoir justifier sa politique, qui a abouti à commander 94 millions de doses de vaccins, pour un montant record de 869 millions d’euros, sans compter les coûts induits.
Entre autres, les parlementaires s’interrogent sur le rôle joué par les experts. Certains élus comme le sénateur de gauche François Autain, souligne que ceux « qui conseillent les laboratoires sont souvent ceux qui conseillent les gouvernements ». Pour l’élu de Loire-Atlantique, « il existe un certain nombre d’indices qui amène à penser qu’il y a une interférence entre les intérêts de certains experts » (voir l’interview de François Autain sur Enviro2B)
Selon Le Figaro, un accord aurait été conclu entre l’Etablissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (Eprus) et Novartis, l’un des laboratoires chargés de produire le vaccin, ce dernier recevant 10,5 millions d’euros au lieu des 65 millions prévus. Mais les deux autres laboratoires concernés n’auraient pas encore pris de décision.
GSK et Sanofi-Pasteur réservent leur position
Ainsi, le britannique GSK (GlaxoSmithKline), qui devait livrer 32 millions de doses pour 224 millions d’euros, n’aurait pas accepté la proposition du gouvernement, qui aurait décidé de manière unilatérale, d’indemniser le laboratoire britannique à hauteur de 36 millions d’euros. Enfin, Sanofi-Pasteur recevrait 2 millions d’euros sur les 12,5 millions initialement prévus. Le laboratoire français n’aurait pas encore décidé d’accepter cette indemnisation et de renoncer à un éventuel recours.
Pour rappel, sous la pression des critiques, Roselyne Bachelot avait annoncé en janvier dernier l’annulation de la commande de 50 millions de doses de vaccin sur les 94 millions commandées par l’Etat. Malgré la mise en place d’une campagne de vaccination nationale sans précédent, 5,6 millions de Français ont été vaccinés, soit seulement 7% de la population.
Dès l’automne 2009
Très en amont en automne 2009, Marc Girard, médecin franc-tireur, expert en pharmacovigilance et pharmaco-épidémiologie avait alerté l’opinion publique sur le processus trouble du lancement de cette politique vaccinale. Le poil à gratter des autorités publiques de santé avait dénoncé sur Enviro2B un dangereux mélange des genres dans cette affaire. (voir l’interview de Marc Girard sur Enviro2B).
Si de nombreuses critiques se font entendre dans cette affaire, les collectivités montent également au créneau. Fortement sollicitées à l’occasion de la campagne de vaccination, 22 grandes villes auraient déjà entamé une procédure pour réclamer à l’Etat le remboursement intégral des frais engagés pour la campagne de vaccination contre la grippe A.
Roselyne Bachelot, ministre de la Santé et des Sports, annonce qu’elle tiendra une conférence de presse à l’issue de son audition par la commission d’enquête du Sénat sur la grippe A H1N1, aujourd’hui à 18h30 à la Chambre des Pairs au Sénat.
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