Au moment même où le président de la République se rendait hier dans l’Essonne pour parler aux agriculteurs, en l’absence remarquée de Jean-Michel Lemétayer, différentes organisations réunis sous la dénomination Groupe PAC 2013 ont souhaité alerter Nicolas Sarkozy et l’opinion publique sur les dernières prises de positions inquiétantes du président de la FNSEA, vis-à-vis de la question environnementale.
« De grâce, mettons fin aux débats inutiles, a-t-il exhorté. Si le développement durable rime avec décroissance et désertification des campagnes, je vous le dis tout net, Grenelle ou pas Grenelle, le débat se fera sans la FNSEA » a déclaré jeudi dernier le patron de la FNSEA, en clôture du 64e congrès du syndicat agricole, à Auxerre. La crise qui frappe durement les agriculteurs actuellement semble avoir chassé les engagements passés en matière d’environnement.
Regroupant diverses associations (FNH, le WWF, la FNAB, la FNCIVAM, RAD, 4D, Solidarité), le Groupe PAC 2013 n’a que peu apprécié les récentes déclarations du patron du syndicat agricole, qui oppose selon lui agriculture et environnement. Selon ces associations, « en opposant revenu agricole et protection de l’environnement, Monsieur Lemétayer se trompe de cible et ne fait qu’amener les agriculteurs et les pouvoirs publics vers une impasse économique, sociale et écologique ».
Refonder l’agriculture vers un modèle viable
Selon le Groupe PAC 2013, « le Président de la FNSEA occulte le coût, pour la société, du modèle agricole intensif qui a encore été mis en évidence récemment par la Cour des Comptes ». Les organisations signataires interpellent les responsables agricoles et politiques « pour que des contre-vérités ne tiennent pas lieu de méthode de travail ». Dans la perspective de la réforme de la PAC, elles appellent à « un dialogue constructif pour refonder l’agriculture vers un modèle viable ».
Les organisations signataires mettent en cause « les propos inquiétants et inacceptables » tenus jeudi 1er avril par le président de la FNSEA. Selon le Groupe PAC 2013, « ce discours s’inscrit dans une remise en cause générale des défis environnementaux par plusieurs responsables agricoles à laquelle nos responsables politiques sont manifestement sensibles, jusqu’à la présidence de la République ».
Pour les signataires, « le président de la FNSEA s’obstine à opposer défense du revenu et protection de l’environnement. Or, de nombreux agriculteurs dégagent aujourd’hui un revenu en faisant de l’environnement un atout et non une contrainte ». Pour le Groupe PAC 2013, « il existe en effet des modèles agricoles, pratiqués par des milliers de paysans en France, qui sont bénéfiques pour l’environnement, rentables économiquement et créateurs d’emplois ».
Faire payer les pollueurs
« Le modèle agricole actuel n’est plus légitime et coûte très cher à la société » affirment les organisations militantes. Et les signataires de rappeler que le dernier rapport de la Cour des Comptes est sans appel : les pollutions liées aux nitrates et aux phytosanitaires sont le résultat de « l’insuffisante volonté de l’Etat de remettre en cause des pratiques agricoles marquées par l’encouragement au productivisme et le choix d’une agriculture intensive ». Il souligne que le rapport préconise de « durcir l’encadrement réglementaire des pratiques agricoles » et de mettre les redevances liées aux pollutions agricoles, qu’il juge non dissuasives, « plus en rapport avec le coût de la dépollution ».
Le Groupe PAC 2013 souhaite interpeller le Premier ministre ainsi que les ministres en charge de l’Agriculture et de l’Ecologie, car les organisations signataires de cet appel n’accepte pas « que des contre-vérités sur le coût des normes environnementales et que certains dérapages verbaux tiennent lieu de nouvelle méthode de travail sur cet enjeu essentiel qui est de réconcilier l’agriculture, l’environnement et la société ». Elles appellent à ce que le rapport 2010 de la Cour des Comptes ne reste pas lettre morte et à ce qu’il contribue au débat.
Pour en savoir : www.pouruneautrepac.eu
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