L’ASN a récemment présenté « L’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2009 ». Malgré des progrès, l’autorité de sûreté nucléaire s’inquiète de la multiplication des examens radiologiques, et pointe du doigt certaines défaillances en matière de sûreté chez EDF et Areva.
C’est devant l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) que l’Autorité de sûreté nucléaire a présenté son rapport sur « L’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2009 ». L’audition a donné lieu à des échanges avec les parlementaires et la presse sur la question de la sûreté nucléaire.
L’ASN a souligné plus particulièrement dans le domaine du nucléaire de proximité, un « progrès en radiothérapie » par rapport aux années précédentes même si la situation des centres de radiothérapie demeure hétérogène. L’autorité rappelle qu’elle a été conduite à suspendre provisoirement en 2009 le fonctionnement des centres de radiothérapie de Blois, Gap, Roanne, Croix, Nevers et Saint-Germain – Poissy, en attendant que les conditions de sécurité de traitement soient réunies et notamment que les radiophysiciens et les manipulateurs soient en nombre suffisant. Deux centres restent fermés.
Trop d’examens radiologiques
La multiplication des examens et traitements médicaux expose les patients à des rayonnements ionisants qui sont dangereux au-delà d’un certain seuil. Il y a un risque probabiliste de développer un cancer à partir d’une exposition de 100 millisieverts chez un adulte et 50 millisieverts chez un enfant. Nous ne sommes plus dans le domaine des faibles doses. Pour maîtriser la croissance des doses d’origine médicale, il convient de « renforcer la justification et l’optimisation des examens radiologiques et de développer davantage l’IRM dans notre pays » précise l’ASN.
L’ASN a également souligné que la pénurie de physiciens médicaux fragilise la radiothérapie française qui est globalement de bonne qualité. En complément de l’augmentation des promotions des physiciens médicaux, il conviendrait de donner aux physiciens médicaux un statut à la hauteur des enjeux posés par la physique de haute technologie en médecine. La création d’une filière universitaire, notamment pour l’accueil des futurs radiophysiciens en stages pratiques, paraît indispensable.
En matière de sûreté nucléaire en France, l’année a été « assez satisfaisante ». Toutefois, l’ASN rappelle que 2 incidents de niveau 2 liés à la criticité sont survenus, l’un dans l’usine MELOX à Marcoule et l’autre dans l’Atelier de Technologie du plutonium (ATPu) à Cadarache, et des défauts ont été constatés sur des générateurs de vapeur de centrales nucléaires.
Concernant la sûreté des centrales d’EDF soit 19 sites, 5 sites se distinguent de manière positive : Golfech, Bugey, Gravelines, Penly, Civaux, et 4 sites sont en retrait : Saint -Alban, Chinon, Flamanville, Belleville, précise l’ASN. Par ailleurs, « l’exploitant devra mettre en ?uvre des actions correctives dans le domaine de la protection de l’environnement, notamment pour les rejets non radioactifs » souligne l’autorité de sûreté nucléaire.
Organisation de la sûreté défaillante chez Areva
En matière de cycle du combustible, « plusieurs incidents montrent des faiblesses dans l’organisation de la sûreté et de la radioprotection des installations du groupe Areva » affirme l’ASN. L’autorité attend « davantage de rigueur concernant le respect des critères de déclaration et des délais de transmission des comptes rendus des événements ».
Concernant le CEA, outre l’incident de l’ATPu pour lequel l’ASN a rappelé à l’exploitant l’importance de la rigueur dans l’exploitation de ses installations, l’ASN a aussi demandé au CEA de poursuivre la démarche dite de « grands engagements » qui doit conduire à une meilleure maîtrise des projets complexes à forts enjeux de sûreté nucléaire et de radioprotection : il importe que le CEA consacre les ressources budgétaires et humaines à la bonne réalisation de ces grands engagements. Pour ce qui concerne le problème d’évaluation de dépôts de plutonium dans les boîtes à gants de l’ATPu, il s’agit d’un phénomène qui n’est probablement pas spécifique à l’ATPu : il s’agit d’un problème général d’évaluation et de qualité des mesures, précise l’ASN.
Concernant le prolongement de la durée de fonctionnement des centrales nucléaires existantes, l’ASN a souligné sa volonté d’une progression continue de la sûreté tant pour le passage au-delà des 30 ans que pour les 40 ans. L’étape des 40 ans est un nouveau domaine en matière de sûreté. Il sera dans tous les cas fait référence aux objectifs de sûreté du réacteur EPR. « Les réacteurs de Génération IV doivent être l’occasion de progrès significatifs en matière de sûreté » affirme l’’autorité, qui précise qu’en l’espèce, « il ne peut s’agir d’un simple saut chronologique ou d’un changement de filière ».
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