Une main de fer dans un gant de velours, c’est en substance le message délivré par le Premier ministre hier, lors du conseil interministériel qui s’est tenu sur les suites de la tempête Xynthia. Annonçant une enquête publique et la nomination de « délégués à la solidarité », François Fillon est resté ferme sur la question sensible du tracé des zones d’expropriation en Vendée et en Charente-Maritime.
Les conséquences de la tempête Xynthia n’ont pas fini de compliquer la vie des milliers de victimes de cette catastrophe dans l’Ouest de la France. Depuis l’annonce des zones dites noires, où les habitants seront expropriés et environ 1 500 maisons détruites, la colère est forte en Vendée et en Charente-Maritime. Dénonçant un tracé « technocratique » la population concernée attendait une inflexion de la part de l’Etat.
« Les critères qui ont été mis en oeuvre par l’Etat pour définir les zones (?) sont des critères objectifs, basés sur des observations concrètes, précises, et ils n’appellent pas de remise en cause, en tout cas pas dans la phase actuelle », a précisé François Fillon hier, recadrant au passage certaines déclarations un peu hâtives de ses ministres Brice Hortefeux et Dominique Bussereau. Soucieux cependant de comprendre le désarroi des habitants, le chef du gouvernement a souligne la nécessité d’« être à l’écoute des sinistrés ».
Des « délégués de solidarité »
A cette fin, des « délégués de solidarité » seront prochainement nommés sur le terrain pour écouter la population locale et les aménagements demandés. François Fillon a déclaré vouloir mettre en place dans ce dossier sensible, une « prise en charge individuelle ». Si cette procédure compassionnelle ne suffisait pas, les victimes mécontentes pourront se pourvoir en justice, dans le cadre de l’enquête d’utilité publique.
Malgré ces bonnes intentions, la tâche s’avère difficile sur le terrain. En Vendée et en Charente, les propriétaires de maisons vouées à la destruction n’entendent pas se laisser faire. Dans les villages de Vendée et de Charente-Maritime touchés par le tracé, la résistance s’organise, mobilisant de concert les habitants, les associations et les élus.
En Vendée, l’association des victimes d’inondation de La Faute-sur-Mer a déclaré par exemple qu’elle demanderait à son avocate, Corinne Lepage, de saisir le tribunal administratif de Nantes en référé, afin de contester la carte des zones noires dessinée par les services de l’État. En Charente-Maritime, les associations de défense des sinistrés ont défilé samedi devant la préfecture de La Rochelle, pour manifester leur mécontentement.
Procédure accélérée
Du côté des écologistes, on est plutôt rassuré par les annonces de François Fillon. « Le gouvernement a joué la partie dans le désordre. FNE ne saurait reprocher à l’Etat de réagir enfin avec la fermeté nécessaire. Mais ces démarches contraignantes auraient dû être entreprises en amont », regrette Christian Garnier, vice-président de FNE. « En toute logique, la concertation doit aboutir à une enquête publique et précéder la prise de décision, et non l’inverse. Toutefois, c’est une bonne chose que des postes de médiateur (délégué à la solidarité), soient mis en place. » souligne le représentant de France Nature Environnement.
Sur le plan financier, François Fillon a confirmé que le remboursement des terrains et maisons se ferait au prix antérieur à la tempête, en promettant d’accélérer la procédure. Ainsi, les habitants peuvent « dès maintenant » demander le rachat de leur maison. De leur côté, les assureurs se sont engagés à traiter le dossier en un mois au lieu de trois habituellement.
« Tous ceux qui veulent quitter ces zones dangereuses vont pouvoir le faire », a-t-il assuré. Près de 600 foyers concernés auraient déjà demandé l’étude de leur dossier d’expropriation.
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