Un rapport parlementaire préconise de mieux informer les Français sur les dangers des pesticides et recommande de réduire son utilisation. Les écologistes s’inquiètent du manque d’ambition des élus dans ce domaine.
L’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques a présenté mercredi dernier son rapport « Pesticides et Santé ». L’OPECST recommande d’informer les usagers sur les risques liés à l’exposition aux pesticides et plus globalement les dangers liés à la pollution de l’environnement. Dans le même temps, l’Office considère qu’il faut en amont développer une démarche « qualité » permettant de réduire l’utilisation des pesticides.
L’OPECST préconise aux chercheurs de travailler à la découverte de nouvelles substances plus efficaces et moins dangereuses pour la santé et pour l’environnement. Pour l’Office parlementaire, il convient de développer les recherches en biotechnologie pour concevoir des variétés de plantes résistantes aux nuisibles, insectes ravageurs et autres calamités agricoles pour réduire l’emploi des produits chimiques.
Généraliser les registres départementaux du cancer
Par ailleurs, l’Office parlementaire préconise le renforcement de la surveillance épidémiologique de la population générale. A ce titre, l’OPECST demande la mise en place de registres du cancer dans les départements qui n’en possèdent toujours pas.
Les recommandations du rapport ne satisfont pas les écologistes de France Nature Environnement. Pour FNE, tout en reconnaissant que les pesticides recouvrent à la fois les phytosanitaires utilisés en agriculture et les biocides dont les usages sont aussi très répandus mais dans d’autres secteurs d’activité, les auteurs de l’étude ont choisi de limiter leur étude « aux usages agricoles des divers produits phytopharmaceutiques proposés pour la protection des cultures. ». FNE regrette que « tout un pan de cette problématique n’est donc pas traité »
France Nature Environnement s’étonne que l’OPECST ne se réfère pas au lourd travail de veille scientifique faite en la matière par l’Afsset (Agence Française de Sécurité Sanitaire de l’Environnement et du Travail) qui publie régulièrement des résultats et qui avait notamment édité un recueil spécifique sur cette question en 2009. Selon FNE, cette absence est « pour le moins curieuse ».
Objectif du plan Ecophyto 2018 remis en cause
Les écologistes considèrent que ce rapport remet en cause l’objectif du plan Ecophyto 2018 d’une restriction de 50 % de l’usage des pesticides. FNE souligne cet objectif est pourtant repris en tant que tel dans le cadre du Plan national santé environnement 2, adopté en Conseil des Ministres fin juin 2009. « L’Office parlementaire va à l’encontre de l’ensemble des positions actuelles » affirme FNE, qui s’étonne au passage des critiques adressées aux agences sanitaires qui pratiqueraient une « veille inefficace », ce que contestent les écologistes.
« Pour FNE, la seule voie raisonnable et responsable est la réduction drastique de l’utilisation des pesticides, ce que ne préconise pas cette étude » explique Claudine Joly, membre du réseau agriculture de France Nature Environnement. « L’objectif de réduire de moitié l’usage des pesticides en France d’ici 10 ans est une urgence sanitaire agricole, alimentaire et environnementale » affirme les écologistes de France Nature Environnement.
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