L’exploitation par Areva de l’uranium du Niger suscite la polémique depuis déjà plusieurs années. Dénoncée par les écologistes, elle vient de faire l’objet d’une enquête conjointe de Greenpeace et de la Criirad qui révèle une forte pollution radioactive liée à l’extraction de ce minerai, à laquelle la population est fortement exposée.
C’est au Nord du Niger autour des villes d’Arlit et d’Akokan, qu’Areva exploite l’uranium africain, pour alimenter en combustible, ses centrales nucléaires. Greenpeace a pu accéder à certaines zones d’extraction minière en novembre dernier pour prélever des échantillons de sol, d’eau et d’air. La Criirad, laboratoire indépendant, les a ensuite analysés en France. Selon les résultats publiés par l’organisation écologique, la radioactivité dans ces zones habitées et les déchets produits par l’extraction minière sont « alarmants ». « Areva n’a pas pris toutes les mesures qui s’imposent » selon Greenpeace.
Greenpeace rappelle que le géant de l’énergie nucléaire ambitionne de profiter pleinement de la relance mondiale de l’énergie nucléaire qui semble se dessiner dans le monde. Déjà implanté dans plus de 100 pays à travers le monde, Areva entend bien conquérir de nouveaux marchés, notamment avec son EPR, son réacteur de dernière génération.
Polluants et destructeurs
Pour produire de l’énergie, les centrales nucléaires doivent être alimentées en uranium. Or « l’extraction de ce minerai fait appel à des procédés particulièrement polluants et destructeurs » affirme Greenpeace, qui déplore « les effets catastrophiques sur les communautés vivant à proximité des mines et sur l’environnement » qui peuvent perdurer pendant des milliers d’années. Selon l’ONG, le Niger est l’un des pays où ces effets néfastes sont les plus prégnants.
Pays d’Afrique de l’Ouest particulièrement pauvre, le Niger est enclavé par le Sahara. Victime d’un territoire essentiellement aride, avec des terres peu cultivables rares, le pays qui manque d’eau, connaît une grande pauvreté. Ainsi, plus de 40% de enfants nigériens souffriraient d’une insuffisance pondérale, et près des trois-quarts de la population seraient analphabètes. Pourtant, le Niger possède une grande richesse, son sous-sol, avec des ressources minérales importantes, notamment en uranium.
Lancées il y a maintenant 40 ans, les activités d’extraction minière d’Areva dans le Nord du Niger auraient dû augurer le sauvetage économique d’une nation qui figure parmi les plus démunies, souligne Greenpeace. Pour l’ONG, c’est tout le contraire qui est arrivé. « Les détonations et le forage dans les mines ont entraîné la formation de grands nuages de poussière, des déchets industriels et de la boue se sont entassés à ciel ouvert et le déplacement de millions de tonnes de terre et de roches pourrait contaminer les réserves d’eau souterraines, qui sont en train de s’épuiser rapidement en raison d’une exploitation industrielle abusive » affirme l’association écologique.
Négligence d’Areva
En raison de la « négligence dont fait preuve Areva » dans sa gestion du processus d’extraction, « des substances radioactives peuvent être rejetées dans l’air, puis s’infiltrer dans la nappe phréatique et contaminer les sols avoisinant les villes minières d’Arlit et d’Akokan ». Selon Greenpeace, « cette pollution endommage l’écosystème de façon permanente, tout en engendrant de multiples problèmes sanitaires pour la population locale ».
Et l’ONG de citer les effets sur la santé de cette exposition à la radioactivité. La population serait ainsi exposer à des problèmes respiratoires, des malformations à la naissance, des leucémies et des cancers. Les maladies et les problèmes de santé sont nombreux dans cette région, et le taux de mortalité lié aux pathologies respiratoires y est deux fois plus élevé que dans le reste du pays, affirme Greenpeace.
Malgré ces dégâts, Areva n’assumerait pas ses responsabilités selon Greenpeace et pire masquerait la situation sanitaire de la région concernée en imputant notamment au Sida, les nombreuses pathologies cancéreuses rencontrées. Après avoir effectué des prélèvements fin 2009, Greenpeace confirme que la situation sanitaire est « alarmante ».
Air contaminé, terres contaminées et eau polluée
Greenpeace rappelle qu’à la fin du mois de novembre 2009, suite à la publication par Greenpeace d’une partie des premiers résultats de l’étude, Areva a réagi. Certains endroits radioactifs indiqués par Greenpeace dans un des villages miniers auraient été ainsi nettoyés. Cependant, pour Greenpeace, ce « nettoyage limité » n’atténue en rien le besoin d’effectuer une étude exhaustive afin que toutes les zones soient sécurisées pour la population locale.
Pour l’ONG, « les habitants d’Arlit et d’Akokan continuent à vivre entourés d’air empoisonné, de terres contaminées et d’eau polluée ». « Jour après jour, les Nigériens sont exposés aux radiations, à la maladie et à la pauvreté, pendant que leurs ressources naturelles permettent à Areva de réaliser des profits gigantesques » conclut Greeenpeace.
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