Par le WWF, l’organisation écologiste réagit aux débats parlementaires actuels du Grenelle 2, en soutenant le bilan globalement positif du processus, qui permet à la France de rattraper son retard en matière d’environnement.
Après une semaine d’examen du projet de loi dit Grenelle 2, le WWF-France donne son opinion sur ce processus initié et défendu par les ONG dès 2007 et salue l’immense travail de toutes les parties prenantes.
Nous ne pouvons pas continuer à vivre sur les seules déclarations gouvernementales de 2007, nos concitoyens souhaitent constater dans leur vie quotidienne en quoi le Grenelle fera progresser la société française. Le temps de l’action concrète est urgemment venu et pour cela, nous reconnaissons les points positifs de ce texte quand bien même nombre de propositions discutées à l’origine n’ont pas été transcrites.
Les forces hostiles à nos arguments et propositions existent fortement en France et freinent une politique qui imposera inéluctablement son empreinte écologique, sociale et économique. A la population française de la vouloir !
D’aucuns diront que le verre est à moitié vide ou à moitié plein. Pour le WWF, le Grenelle (Grenelle 1 + 2), cette étape, permet à la France de rattraper partiellement son retard et de rester dans la course de l’économie verte du 21ème siècle (cf : les investissements de la Chine et des USA dans les technologies vertes en 2009). Le Grenelle de l’environnement doit donc être compris comme une condition mais aussi comme une étape nécessaire pour affronter les défis économiques, énergétiques, alimentaires, économiques et sociaux qui nous font face.
Un grand nombre de mesures vont dans le bon sens comme notamment l’amélioration énergétique des bâtiments (articles 1-3), l’évaluation des émissions de GES des personnes morales de droit privé de plus de 500 salariés ou de droit public de plus de 250 ainsi que des communes de plus de 50 000 habitants et au-delà la mise en place de schéma régional du climat (article 26 du projet de loi), ou encore l’intégration des nouveaux enjeux environnementaux dans l’urbanisme comme par exemple la lutte contre l’étalement urbain (articles 4 à 10).
De même, les dispositions sur le schéma de cohérence écologique (article 45) faisant la cartographie des trames bleues et vertes permettra de mieux prendre en considération les besoins fondamentaux de notre biodiversité, même si l’absence d’opposabilité réduit considérablement la portée de cette mesure en termes d’aménagement du territoire.
Sur ce chapitre précis, force est de constater que la loi Grenelle 2 ne va pas assez loin notamment pour tourner le dos à la politique autoroutière. En ce qui concerne l’éolien, malgré l’abandon de certaines dispositions du rapport Ollier, les articles 33 et 34 n’offrent pas le cadre nécessaire à un développement rapide de cette énergie alors que la France possède le potentiel pour s’imposer comme un des leaders européens.
L’avenir nous dira si cette frilosité qui dissimule l’amour du tout nucléaire n’a pas cruellement affaibli l’éolien français. Plus problématique est sans doute le traitement législatif fait à la question des phytosanitaires.
L’article 36 bis imposant un avis préalable de l’AFSSA et une évaluation des effets socioéconomiques et environnementaux du retrait de certains pesticides laissent trop de prises pour l’expression des réticences, voire des résistances du lobby agro-industriel. Nous verrons dès la semaine prochaine la révélation du coût réel pour la communauté nationale de cette utilisation intensive des intrants chimiques qui polluent irrémédiablement eaux et sols et qui détruit le vivant, notre vital.
Parce qu’il est urgent de mettre notre pays sur la trajectoire d’une conversion de notre économie en une économie légère et verte, précautionneuse en ressources et riche en emplois (en développant notamment l’éco-conception des produits), et malgré un climat écolo-sceptique engendré par les lobbies, malgré ceux qui ne parlent que du coût de l’action à engager et non du coût de l’inaction, le WWF-France ne peut que soutenir le Grenelle 2.
Les mois à venir nous démontreront que nous n’avons plus d’autres choix que de faire mieux avec moins dans les différentes crises que nous allons subir. Nous resterons extrêmement vigilants sur les décrets d’application de cette loi et nous nous opposerons avec détermination à tous ceux qui entraveront ou retarderont les acquis du Grenelle. Nous continuerons et persisterons à vouloir et à obtenir la transformation de notre pays pour atteindre la prospérité verte afin de permettre à l’être humain de vivre en harmonie avec la nature.
Il reste tant à faire? Rendez-vous au Grenelle 3 en 2012 !
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