Après 14 ans d’arrêt, l’IRSN annonce aujourd’hui le redémarrage du surgénérateur japonais de Monju. De nombreuses fois évoquée depuis la découverte d’une fuite de sodium, la relance de ce réacteur « à boucles » est finalement intervenue début mai.
C’est en 1995 qu’un incident avait stoppé le réacteur expérimental nippon. Une fuite de sodium avait été détectée en raison de la rupture du doigt de gant d’un thermocouple mesurant la température du sodium du circuit secondaire. La rupture avait été causée par les vibrations induites par la circulation du sodium dans les tuyauteries, entrainant le déversement de 640 kg de sodium dans le local abritant la tuyauterie.
A l’époque de l’accident, une polémique était née du manque de réactivité et de transparence des responsables japonais à Monju face à ce grave incendie. Après avoir reconnu les dissimulations de PNC (Power Reactor and Nuclear Fuel Development Corp.), l’Areva japonais, Shigeo Nishimura, vice-directeurs, s’était suicidé se jetant du 8 étage de son hôtel.
Le réacteur Monju est un réacteur à neutrons rapides refroidi au sodium (RNR-Na) situé à Tsuruga au Japon et exploité par la Japan Atomic Energy Agency (JAEA). A quelques kilomètres du réacteur Monju, il existe par ailleurs un réacteur à eau pressurisée (1115 MWe) et un réacteur à eau bouillante (340 MWe), ainsi qu’un réacteur à eau lourde (148 MWe) qui a été mis à l’arrêt définitif il y a quelques années.
Quelques mois seulement
D’une puissance de 280 MWe pour 714 MWth, le réacteur Monju est présenté par les japonais comme un réacteur de démonstration qui s’inscrit dans le cadre du projet de développement de la filière des RNR-Na au Japon. Le combustible du réacteur se présente sous forme de pastilles d’oxyde mixte UO2-PuO2 dans des gaines en acier ; le circuit primaire est constitué de 3 boucles véhiculant du sodium (concept dit « à boucles »).
La construction du réacteur a débuté en 1985 et il a divergé pour la première fois en avril 1994 précise l’IRSN. Le réacteur Monju n’a toutefois fonctionné que quelques mois. Il a en effet été arrêté le 8 décembre 1995 à la suite d’une fuite de sodium du circuit secondaire et a été maintenu à l’arrêt depuis cette date. De ce fait, il n’a jamais fonctionné à sa puissance nominale.
Dans un réacteur dit « à boucles », les échangeurs de chaleur entre le circuit primaire et le circuit secondaire, dits échangeurs intermédiaires, se trouvent à l’extérieur de la cuve contenant le c?ur ; le sodium primaire circule donc dans des boucles reliant la cuve aux échangeurs intermédiaires. Le concept à boucles a été appliqué à la quasi-totalité des réacteurs expérimentaux dont Rapsodie en France, Joyo (Japon) et BOR-60 (Russie) et aux réacteurs de démonstration BN 350 (Kazakhstan) et Monju (Japon).
Réacteur « à boucles » ou « intégré »
Dans un réacteur dit « intégré », les échangeurs intermédiaires et tous les composants du circuit primaire sont immergés dans la cuve contenant le c?ur. La circulation du sodium primaire s’effectue donc uniquement à l’intérieur de cette cuve qui est compartimentée par des structures métalliques. Cinq réacteurs « intégrés » ont été mis en service : Phénix et Superphénix en France, EBR-II (USA), PFR (Grande Bretagne) et BN-600 (Russie) ; seul BN-600 fonctionne encore.
« Il n’y a pas aujourd’hui d’éléments qui donnent, du point de vue de la sûreté, un avantage décisif à un concept par rapport à l’autre » selon l’IRSN.
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