Déjà l’objet de nombreuses critiques depuis plusieurs mois, les experts de l’OMS sont soupçonnés par le British Medical Journal d’être grassement rémunérés par les mêmes laboratoires, impliqués dans la fabrication des médicaments et vaccins contre la grippe A. Dénoncée en France très tôt par certains francs tireurs comme le Dr Marc Girard, la polémique sur la politique sanitaire liée à la grippe A prend de l’ampleur.
L’étau se resserre contre l’OMS et sa gestion de la pandémie grippale en 2009. Menée conjointement par le British Medical Journal (BMJ) et le Bureau of Investigative Journalism de Londres, une enquête britannique publiée vendredi dernier, souligne les rapports économiques incestueux qui lient certains experts de l’OMS et les grands laboratoires bénéficiaires des formidables commandes mondiales des vaccins et médicaments contre le virus H1N1 de la grippe A.
Conflits d’intérêts avérés
Pour les rédacteurs de l’enquête, il y a clairement eu conflits d’intérêts dans cette affaire. Très concrètement, certains experts qui ont collaboré à l’élaboration de la stratégie de l’OMS face à une pandémie grippale auraient reçu des rémunérations d’industriels pharmaceutiques comme les laboratoires Roche et GlaxoSmithKline, tous deux fournisseurs de médicaments et vaccins contre le virus grippal visé.
« Aucune déclaration d’intérêt n’a été publiée » soulignent les auteurs de cette enquête. Par ailleurs, l’étude précise que l’OMS n’a fourni aucun élément de réponse aux questions posées par Deborah Cohen et Philip Carter. Les deux journalistes regrettent le secret entretenu par l’OMS sur la composition du comité d’urgence, qui a décidé notamment de la qualification de pandémie, déclenchant l’ouverture d’un marché particulièrement juteux pour les groupes pharmaceutiques soupçonnés dans cette affaire.
Pendant le même temps, la commission de la santé de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe a publié pour sa part un rapport très critique sur la gestion de la crise de la grippe A par l’OMS. Dirigée par Paul Flynn, l’enquête révèle dans cette affaire, un « manque de transparence » de l’organisation internationale.
Perte de confiance dans l’OMS
Pour le député britannique, l’OMS a perdu une partie la confiance que les européens avaient dans cette organisation réputée. Le rapport considère qu’à l’avenir, l’OMS pourrait être confrontée à une défiance certaine par rapport à ses prochaines expertises sanitaires.
Le plus grave pour la commission de la santé de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, c’est le passage rapide, décidé par l’OMS au niveau 6 de la pandémie, au moment même où les chiffres de la grippe A révélaient des conséquences sanitaires assez modérés dans les populations concernées.
Pour en savoir + : Interview du Dr Marc Girard
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