Au premier jour de la Commission Baleinière Internationale (CBI) qui réunie à Agadir du 21 au 25 juin, Jean-Louis Borloo réclame une politique de protection de la baleine plus stricte, la confirmation du moratoire de la pêche commerciale et un contrôle plus rigoureux des pêches autorisées par exception.
Le ministère de l’Ecologie rappelle que malgré le moratoire qui interdit la chasse commerciale depuis 1982, différents types de chasse à la baleine sont encore pratiquées : des chasses à des fins scientifiques, des chasses « sous objection » (chasses commerciales) et des chasses aborigènes. Seules ces dernières sont soumises à quotas au sein de la CBI. Afin de mettre un terme aux nombreuses années de confrontation entre opposants et partisans de la chasse, la présidence de la CBI a proposé un compromis qui vise à ramener toutes les opérations concernant la chasse à la baleine sous le contrôle de la CBI, à renforcer le pouvoir de cette dernière et à recentrer son travail sur la protection.
La position de principe de la CBI est encouragée par Jean-Louis Borloo, qui salue « l’esprit constructif de cette proposition de compromis et ses objectifs ». Malgré tout, le ministre d’État de l’Écologie et de la Mer ne cache quelques inquiétudes : « en l’état, la proposition de la CBI ne permet pas de restreindre le commerce international des produits dérivés de la baleine, de stopper la chasse dans les sanctuaires ou d’éliminer la chasse scientifique. Elle ne permet pas non plus de mettre fin au régime d’objections ou d’exceptions qui permet à des pays de ne pas appliquer certaines parties de l’accord ».
Position commune de l’UE
L’Union Européenne n’ayant pas arrêté de position commune à la mi-juin, Jean-Louis Borloo précise qu’il s’est personnellement saisi du dossier et a écrit à la ministre espagnole qui assure la présidence de l’Union Européenne et à la ministre danoise (dont le pays est favorable à la poursuite de la chasse à la baleine) pour qu’à Agadir, l’Union Européenne puisse avoir une position unique, forte et ambitieuse. Pour le ministre du gouvernement Fillon « la proposition de compromis à la CBI ne sera acceptable que si elle permet : de protéger effectivement les baleines ; d’interdire le commerce des produits dérivés ; de limiter la chasse à une chasse à des fins de subsistance pour les populations indigènes et enfin, de proposer un calendrier pour mettre un terme définitif à toute chasse à la baleine. »
Sur proposition notamment de la France, l’Union Européenne se positionne donc en faveur du maintien du rôle central du comité scientifique et d’une base scientifique pour la fixation d’éventuels quotas (selon la dernière version de la procédure de gestion révisée publiée). L’UE confirme son opposition à l’ouverture de tout nouveau type de chasse, sauf à visée stricte de consommation locale ; pour la limitation de la consommation de produits baleiniers à la consommation locale (en cohérence avec nos engagements à la CITES).
L’Europe se positionne également pour une réduction des prises, « en allant vers » l’objectif final d’interdiction totale de la chasse qui ne serait pas conforme au moratoire sur les chasses commerciales dans l’hémisphère nord, et ce dans un calendrier agréé ; pour une réduction puis un arrêt total dans un calendrier agréé de toute chasse à la baleine dans l’Océan Austral, les sanctuaires devant être des zones totalement préservées ; contre toute proposition visant des espèces en danger dans le sanctuaire de l’hémisphère sud.
Dans le même temps, l’UE se prononce en faveur du le maintien des règles appliquées aux pêches aborigènes ; pour un mécanisme et un calendrier de révision de la CBI, qui ferait que toutes les activités, y compris de chasses scientifiques et sous réserve ou objections, seraient placées sous le contrôle de la CBI, et enfin pour l’introduction d’une clause rendant la décision de compromis nulle et non avenue en cas d’objection d’un gouvernement.
L’UE « pas aussi ferme » que le souhaiterait Borloo
« Je trouve que la position européenne n’est pas aussi ferme que j’aurais personnellement souhaité, même si la présidence espagnole a été attentive aux objections portées notamment par le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France » souligne Jean-Louis Borloo. Lors d’un échange téléphonique ce matin entre Jean-Louis Borloo et Caroline Spelmann, ministre Britannique de l’Environnement, de l’Alimentation et des affaires rurales, les deux ministres ont convenu de poursuivre leur pression sur les pays européens les plus réticents au renforcement de la protection des baleines, notamment la Suède et le Danemark. Dans le cadre des discussions sur le calendrier, les deux ministres souhaitent que des précisions soient apportées sur les échéances d’interdiction des chasses.
Pour Jean-Louis Borloo, « le moratoire sur la chasse commerciale doit être pleinement confirmé et les territoires qui sont des sanctuaires doivent être complètement respectés. Il faut également mettre en place les mécanismes de suivi et de contrôle appropriés, et refuser le recours aux régimes d’objection ou de réserve ». « La CBI devra évoluer vers un outil de conservation ; les espèces menacées devront être pleinement protégées » affirme le ministre de la Mer.
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