Christine Lagarde avait récemment évoqué une « pause » dans la hausse des tarifs du gaz. Cet été, aucune pause, mais une hausse de près de 5%. Après avoir augmenté de 9,7% début avril, le prix des tarifs réglementés vient d’augmenter de 4,7% le 1er juillet dernier, une hausse « insupportable » et « scandaleuse » pour les associations de consommateurs.
En pleine crise économique, la nouvelle hausse du gaz passe mal. Les associations de consommateurs s’inquiètent de la précarité énergétique croissante de certaines familles qui va s’accélérer avec augmentation. Le nombre de coupures pour factures impayées augmente « de manière vertigineuse » s’alarment les associations en colère.
C’est le 24 juin dernier que la Commission de régulation de l’énergie a accepté la demande d’augmentation tarifaire de GDF-Suez. Selon la formule actuelle de calcul qui prend en compte les prix du fioul et du baril de pétrole, la CRE a estimé légitime la hausse des tarifs de 4,7 % en moyenne pour les 6,3 millions de particuliers équipés d’un chauffage au gaz. Cette augmentation représentait une hausse de 45 ? de plus en moyenne par an, selon les estimations de la CRE.
+ 129 ? cet hiver
Les associations de consommateurs rappellent déjà que le 1er avril dernier, la CRE avait donné son feu vert à une hausse moyenne des tarifs réglementés de 9,7 %, soit 84 ? de plus en moyenne chaque année pour les abonnés se chauffant au gaz. Conséquence directe, des millions de ménages français devront régler cet hiver une facture moyenne de gaz alourdie de 129 ?. Depuis 2005, sur 9 évolutions des tarifs du gaz, il n’y a eu qu’une seule baisse soulignent les associations.
« Cette augmentation est d’autant plus insupportable dans un contexte de crise économique avec comme conséquence la perte de pouvoir d’achat des ménages », dénonce l’Association pour l’information et la défense des consommateurs salariés (Indécosa-CGT). Pour la Confédération nationale du logement (CNL), cette hausse présente un caractère « scandaleux », car « le pouvoir d’achat, notamment des plus modestes, est déjà au plus bas ». « Les consommateurs vont pâtir de l’appétit démesuré du fournisseur historique », tonne la Confédération syndicale des familles (CSF). La CSF et la CNL réclament un gel durable des tarifs.
Gaz réseau distribution France (filiale gestionnaire du réseau de GDF Suez) s’est alarmé le 21 juin dernier de l’augmentation des coupures de fourniture de gaz suite à des impayés. En seulement 5 mois début 2010, GRDF avait déjà procédé à 110 000 coupures à la demande des fournisseurs (GDF-Suez, EDF, Altergaz, Poweo?). GRDF prévoit 300 000 coupures en 2010, soit trois fois plus qu’en 2009.
Le risque de précarisation de nombreux abonnés au gaz inquiète. « Alors que le nombre de bénéficiaires du tarif spécial de solidarité du gaz a diminué, que propose le gouvernement pour dissuader certains fournisseurs de demander des coupures systématiques ? » demande l’Indécosa-CGT. « Nous devons en finir avec ces empilements de rapports sur la précarité énergétique qui n’aboutissent pas. » s’indigne l’association de salariés.
Des frais de coupure en hausse de 74 %
De son côté, l’association Consommation, logement et cadre de vie (CLCV) vient de lancer une lettre ouverte au président de GDF-Suez, que tout usager est appelé à signer. L’Association force ouvrière consommateurs (Afoc) juge « trop lourdes » les démarches d’obtention du tarif spécial de solidarité. « Le comble est que GRDF a décidé d’augmenter les tarifs de ses interventions pour coupures de gaz en raison de l’augmentation de la demande », dénonce l’association, qui réclame un moratoire sur les impayés de factures d’énergie.
Concrètement, l’intervention pour coupure devrait passer en effet, ce 1er juillet, de 51 ? à 88 ?, représentant une hausse de près de 74 %. Les bénéficiaires du tarif spécial de solidarité ne payent « que » 20 % de ces frais, qui devraient donc passer pour eux de 10 ? à 17,50 ? environ, précisent les associations.
« Pourquoi laisse-t-on le gaz, dont les réserves mondiales ne cessent d’augmenter, exclusivement indexé sur une ressource de plus en plus rare, le pétrole, alors que les prix du gaz sur les marchés mondiaux n’ont jamais été aussi faibles ? » s’interroge la CLCV. « Ce non sens économique entraîne aujourd’hui des conséquences sociales dramatiques » s’indigne l’association d’usagers.
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