Après de longs mois de négociations, la Mission Pêches Profondes (MPP), mandatée par les 2 ministres de la Pêche et de l’Ecologie lors du Grenelle de la Mer est « un échec cuisant à tous points de vue » pour les ONG participantes. Greenpeace et le WWF récusent le rapport produit par Alain Biseau de l’IFREMER, rapporteur de la Mission présidée par le député-maire de Pornic, Philippe Boënnec.
Le rapport « ne répond pas à la lettre de Mission » regrettent plusieurs associations écologistes qui l’accusent même d’entériner la destruction des écosystèmes profonds en cette année 2010 de la biodiversité. Pour la Fondation Nicolas Hulot, Bloom, Greenpeace et le WWF, la Mission Pêches Profondes n’a pas répondu à sa lettre de mission dont l’objectif principal était de « s’assurer que les pêches en eaux profondes sont viables économiquement, socialement et écologiquement, pour que leur poursuite, éventuellement adaptée, puisse être envisagée. ».
Encadrées par deux résolutions de l’ONU, les pêches profondes qui concernent les pêches au-delà de 400 m de profondeur, doivent désormais apporter la preuve que leurs pratiques n’impactent pas de façon significative les habitats profonds et les espèces qui les peuplent pour pouvoir opérer. Selon les associations, la mission a refusé d’adopter une méthodologie efficace qui aurait permis d’approcher cet objectif et a avancé de façon « aléatoire » sur un dossier complexe en dépit des alertes régulières lancées par les ONG.
« Accablant »
Le résultat est « accablant » pour les ONG qui dénoncent « une absence de transparence et de crédibilité ». Dans cet exercice de manipulation de l’information servi par une connivence entre les représentants de la pêche profonde et le rapporteur, ce rapport tente de faire croire que les pêches profondes sont durables, écologiquement acceptables, et comble de l’imposture, qu’elles sont rentables économiquement. A cette fin leur impact a été minimisé à outrance, et les données économiques soigneusement écartées ou déformées.
Pour les écologistes, « les conclusions de la mission en matière de rentabilité économique s’inscrivent en complète contradiction avec le bilan économique des trois principaux armements concernés ». De 2002 à 2008, les ONG rappellent que ces 3 armements totalisant 95% des débarquements de poissons profonds présentent une perte cumulée en résultat d’exploitation de moins 7,32 millions d’euros pour la Scapêche, de moins 9,9 M? pour Dhellemmes et de moins 4,01 M? pour Euronor, sur 2006-2008 dans ce cas), sans arriver à l’équilibre si on y rajoute le montant des diverses subventions.
Par ailleurs, les ONG soulignent que leurs activités très consommatrices de gazole, environ 7 000 litres/jour pour un chalutier de 40 mètres pour 1000 litres/jour pour un chalutier de moins de 25 mètres, les rend particulièrement vulnérables à l’augmentation des prix du pétrole. Ce facteur suffirait en lui-même à mettre en cause la durabilité de ces pêches comme le souligne, dés 2006, le rapport Poséidon du Secrétariat Général Mer rattaché à Matignon.
« Ubuesque »
Sur le plan environnemental, ce rapport est ubuesque pour les écologistes. Il réalise « le tour de force de s’inscrire en faux avec l’ensemble de la littérature scientifique internationale » et de présenter favorablement une pêche qui est en porte-à-faux avec les exigences de l’approche écosystémique aujourd’hui nécessaire dans la gestion des pêcheries. La mission n’a finalement pas abordé la prise en compte des impacts de la pêche sur les écosystèmes ou sur les autres espèces.
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