Après l’annonce par Berlin de la prochaine mise en place d’une taxe sur le nucléaire, les groupes du secteur se mobilisent pour qu’Angela Merkel revienne sur sa décision. C’est maintenant au tour d’EnBW de menacer de fermer ses centrales si le gouvernement maintenait son projet de taxe sur le nucléaire.
« Notre principe est de ne faire tourner les centrales que si c’est raisonnable d’un point de vue économique », vient de déclarer HansPeter Villis dans le Handelsblatt, menaçant d’éventuelles fermetures de centrales si la nouvelle taxe sur l’énergie atomique venait à être définitivement adoptée. Cette déclaration vient s’ajouter aux nombreuses prises de positions des industriels allemands, farouchement opposés à ce projet.
Les grands groupes énergétiques du pays (E.ON, RWE, Vattenfall et EnBW) ont fait cause commune le week-end dernier dans une publicité pour promouvoir l’allongement de la durée de vie des centrales nucléaires du pays, mais aussi pour dire leur opposition au projet de taxe du gouvernement. En échange du maintien en activité jusqu’en 2032 des centrales nucléaires du pays, Berlin voudrait créer une taxe sur l’industrie nucléaire, ce qui a le don d’irriter les industriels du secteur.
Plus de nucléaire en 2022
Car l’industrie nucléaire allemande est confrontée au vieillissement de l’ensemble de ses 12 centrales en activité, dont les coûts de maintenance explosent, ce qui inquiètent les 4 opérateurs du pays : EnBW, E.ON AG, RWE et Vattenfall. Or, depuis 2002, l’Allemagne a voté sa sortie du nucléaire à l’horizon 2022. Néanmoins, dans un pays plutôt hostile à l’énergie atomique, Angela Merkel a décidé en 2006 de prolonger la vie des vieilles centrales nucléaires du pays jusqu’à cette échéance.
Peu sensible à la pression des industriels, la Chancelière a également a prévenu les patrons allemands : « Quand quelque chose va dans le sens d’une menace ou d’une pression, cela me pousse en général dans un mouvement totalement opposé ». Angela Merkel affirme que la taxe sur les centrales nucléaires s’inscrit dans une série d’efforts du gouvernement pour réduire le déficit public. Selon Wolfgang Schäuble, ministre allemand des Finances à l’origine de ce projet, cet impôt pourrait rapporter 2,3 milliards d’euros par an.
A l’issue d’une rencontre à Lingen, dans l’Ouest du pays, avec les présidents notamment d’E.ON AG et de RWE AG, Angela Merkel a réaffirmé l’objectif initial et impérieux de cette taxe. « Nous envisageons cette taxe pour parvenir à notre objectif de consolider le budget » a précisé la Chancelière, qui a lancé un plan de rigueur de 80 milliards d’euros au printemps dernier.
Croissance de retour
Malgré les déclarations fermes d’Angela Merkel, la pression contre cette taxe devrait se poursuivre. Elaboré dans un climat d’austérité, le projet pourrait être revu et corrigé en fonction des très bons indicateurs économiques du pays en 2010, avec notamment une croissance qui pourrait dépasser cette année les 3%.
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