Réunis depuis dimanche à Boston pour la 50e conférence annuelle de l’Interscience Conference on Antimicrobial Agents and Chemotherapy, ICAAC, des chercheurs s’inquiètent des nouvelles résistances des microbes aux antibiotiques.
Les chercheurs réunis depuis dimanche à Boston n’évoquent pas encore de scénario catastrophe mais s’inquiètent toutefois de l’émergence de nouvelles bactéries résistantes aux antibiotiques et responsables de quelques 25.000 décès par an en Europe. Ils craignent néanmoins l’apparition d’une véritable catastrophe sanitaire mondiale dans les prochaines années si rien n’est fait pour relancer la recherche
Le nombre de bactéries multirésistantes est donc en pleine augmentation. A titre d’exemple, la découverte en Inde et au Pakistan deux nouvelles souches bactériennes « ultrarésistantes » susceptibles de coloniser l’ensemble de la planète, à commencer par le Royaume-Uni, pays qui entretient des liens étroits avec l’Inde, fait peur. Le Dr Patrice Nordmann, de l’Hôpital Bicêtre qualifie même l’une d’entre-elle, la NDM1, de « bombe à retardement« .
Une recherche pas assez rentable
Face à cette nouvelle donne bactériologique, la réaction des laboratoires laisse à désirer. Ces dix dernières années, le développement ou la production de nouveaux antibiotiques a chuté de moitié alors que de l’autre côté les bactéries augmentent en nombre. Ce désintérêt des laboratoires pour la recherche bactériologique s’explique par le manque de rentabilité économique de ces produits comparés aux anticancéreux par exemple ou encore aux médicaments contre les maladies cardio-vasculaires.
Pensez-donc, les antiobiotiques soignent la maladie ! En conséquence, Gary Noel, chercheur au laboratoire américain Johnson and Johnson, explique au Figaro que « les quelques molécules potentiellement capables de neutraliser les agents microbiens multirésistants ne seront pas sur le marché avant deux à quatre ans au plus tôt« .
Pour contrer cet obstacle économique, le Dr Ursula Theuretzbacher, du Centre des agents anti-infectieux de Vienne propose un partenariat entre les secteurs publics et privés. « Les pouvoirs publics devraient octroyer davantage de fonds pour combler le déficit des investissements privés aux premiers stades de la recherche et du développement« , explique-t-elle.
Les antibiotiques, ce n’est pas automatique
D’une façon générale, il devient nécessaire d’harmoniser les réglementations des différents pays afin de limiter l’usage des antibiotiques chez les humains , mais aussi chez les animaux d’élevage. Comme le précise une campagne française du ministère de la Santé, les antibiotiques, ça ne doit pas être automatique. Seules les pathologies d’origine bactériennes peuvent se soigner grâce aux antibiotiques. Par ailleurs, une bonne hygiène, des mains notamment, est indispensable pour éviter la dissémination de ces nouvelles bactéries.
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