François Roussely s’est exprimé ce matin au micro de Jean-Pierre Elkabbach sur Europe 1, sur le rapport qu’il a remis récemment à l’Elysée sur l’état de la filière nucléaire française. Il préconise une remise en ordre de cette filière derrière un seul patron : EDF.
Le nucléaire représente 200 000 emplois en France, rappelle l’ancien président d’EDF, qui précise que cette énergie garantit « une électricité pas chère et disponible ». Le président d’honneur de l’électricien français affirme que l’urgence n’est pas dans le renouvellement de l’actuel parc nucléaire, mais dans son prolongement. « On peut et il faut prolonger » soutient François Roussely « sans risque pour la sûreté » jusqu’à au moins 40 ans.
Disposant actuellement de 58 centrales nucléaires en activité, la plupart vieillissantes, la France rencontre d’importantes difficultés à maintenir une production suffisante de son parc, en raison d’une maintenance compliquée dont les délais se rallongent. Pour François Roussely, « il ne faut pas s’arrêter à cet aspect », car « les centrales vont repartir », grâce à « un travail de fond » qui est entrepris. « J’ai pleinement confiance » déclare l’expert français.
Pays émergents
« L’important, c’est de se préparer aux défis de demain » prévient l’ancien haut fonctionnaire et « comment satisfaire les besoins de tous les pays qui souhaitent entrer dans le nucléaire ». Car « La demande se déplace vers des pays émergents » constate le président de Crédit Suisse France qui cite les pays du Golfe, l’Egypte, la Jordanie, le Vietnam comme des pays porteurs pour la filière.
Evoquant le renouveau du nucléaire dans le monde, le rapport Roussely évoque une demande de 250 centrales nucléaires dans les prochaines années. « Il faut se préparer à répondre à une demande beaucoup plus diversifiée » assure François Roussely « avec des produits sans doute de nature différente » et « une concurrence beaucoup plus âpre que celle à laquelle on était habitué depuis 30 ans ».
Revenant sur l’échec récent de l’industrie nucléaire à l’international à Abou Dabi, battue par des Sud-Coréens, François Roussely reconnaît qu’ils sont devenus « les plus forts », et qu’il s’agit là d’ « un bon rappel à l’ordre ». Mais « le monde ne s’arrête pas de tourner parce qu’on a perdu un appel d’offres » relative-t-il. « On a des champions nationaux qui sont puissants » affirme cependant le patron français qui se veut optimiste.
Indiscutablement EDF
Sur la nécessaire entente entre EDF et Areva, les deux champions hexagonaux de l’atome, dont les discussions semblent au point mort, François Roussely reconnaît que « cela ne bouge pas assez » même s’il affirme que des avancées existent. Pour lui, « on est le seul pays au monde » à pouvoir mettre en avant une expérience telle que celle d’EDF dans la gestion du nucléaire.
La question du leadership ne se pose même pas pour l’ancien président du géant français de l’électricité. Le patron du nucléaire doit être « indiscutablement EDF », non pas en raison de ses liens privilégiés avec le groupe français, mais tout simplement parce qu’EDF est « le seul acteur » qui possède l’expérience réussie d’années d’exploitation d’un parc de 58 centrales, représentant 80% de l’électricité du pays.
« On a des champions dans l’industrie, Alstom, Areva et un champion toute catégorie, c’est l’exploitant EDF ». Au-delà de l’intérêt de chacun de ces acteurs, il y a l’intérêt général rappelle François Roussely. « L’urgence aujourd’hui, c’est de retrouver l’équipe de France qui a gagné il y a 30 ans lorsqu’on a équipé ce pays de 80% de nucléaire » a conclu ce matin le président d’honneur d’EDF au micro d’Europe 1.
Commentaires récents