Un rapport publié mardi dernier par l’Alliance pour la Santé et l’Environnement (HEAL) et Health Care Without Harm (HCWH) revient sur les liens entre la santé et une politique climatique ambitieuse à l’échelle européenne. Ainsi, au delà des bienfaits sur le climat, l’objectif européen de réduction des émissions aurait également des répercussions sur la santé des habitants de l’Union.
Ce rapport, repris aujourd’hui dans un communiqué du WWF, évalue de manière détaillée et chiffrée l’intérêt d’un passage de l’objectif actuel européen de 20% de réduction des émissions de gaz à effet de serre, d’ici 2020 par rapport à 1990, à un objectif de 30%. D’après ce rapport, ce passage de 20 à 30% permettrait d’économiser jusqu’à 30,5 milliards d’euros par an d’ici 2020 en dépenses de santé. Ainsi, une politique climatique forte aurait par voie de conséquence de plus grands bénéfices pour la santé.
En effet, réduire les émissions de gaz à effet de serre de l’Union Européenne, c’est aussi en réduire la pollution atmosphérique (particules fines, oxydes d’azote, dioxyde de soufre liés à la production d’énergie et aux transports), et donc les maladies respiratoires et cardiaques. Une meilleure qualité de l’air, c’est aussi moins de jours d’activité limitée, moins de prises de médicaments, moins d’hospitalisation et donc autant de dépenses de santé en moins.
Des chiffres en-dessous de la réalité
Par ailleurs, les chiffres mesurés dans cette étude ne prennent pas en compte l’impact plus large du changement climatique sur la santé causé par des phénomènes tels que les vagues de chaleur, les inondations, les sécheresses et une production agricole réduite. Ils ne prennent pas non plus en compte un ensemble de co-bénéfices pour la santé, tels que ceux liés à une politique climatique visant à réduire l’usage de la voiture individuelle et à promouvoir davantage la marche ou le vélo, ce qui améliorerait la forme et réduirait les maladies cardio-vasculaires, le diabète, les cancers et les dépressions.
Pour Paul Brunel, Chargé de projet Energie Climat au WWF-France, « ce rapport est le bienvenu après la communication en mai de la Commission Européenne sur le passage aux 30% et la déclaration commune des ministres allemands, britanniques et français de l’énergie et de l’environnement peu de temps après en faveur de cet objectif« . « Après l’argument de l’emploi (65 000 emplois additionnels créés dans les énergies renouvelables et 60 000 dans le domaine de l’efficacité énergétique), de la compétitivité et de la baisse de nos dépenses d’importation de gaz et de pétrole, ce rapport vient ajouter un argument de poids en démontrant combien notre santé et les budgets des systèmes de santé bénéficieraient d’une telle politique climatique« , précise-t-il dans le communiqué de l’organisation. D’ores et déjà, ce rapport pourrait contribuer à faire bouger les lignes vers un passage à un objectif de 30% lors du prochain Conseil Européen de l’Environnement le 14 octobre prochain.
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