L’UFIP vient de publier son livre blanc du raffinage européen, un secteur en crise. Le rapport Europia évoque des marges serrées, une demande contractée et un cadre réglementaire européen de plus en plus contraignant.
Le pétrole n’a plus la côté et c’est le raffinage, comprimé entre le marché du brut et celui des produits finis comme l’essence ou le diesel, qui en paie les conséquences. C’est en substance l’une des conclusions du libre blanc que vient d’éditer l’Union française des industries pétrolières.
Pour l’UFIP, le secteur du raffinage est une activité économique « très compétitive », en raison notamment d’un grand nombre d’opérateurs. Il rappelle que la marge brute de raffinage, « sensible à toute fluctuation des marchés pétroliers », se calcule par la différence entre la valeur marchande des produits raffinés et le prix d’achat du brut. C’est avec cette marge brute que le raffineur doit couvrir tous ses frais et ses investissements.
Le rapport Europia souligne que le raffinage va mal notamment en France, où il a perdu plus de 1 milliard d’euros en 2009. Pour l’UFIP, cette situation est la conséquence d’une baisse de la demande pétrolière, « résultat d’une politique volontariste d’incitation aux économies d’énergie et à la substitution des énergies fossiles par des énergies renouvelables », une dynamique qui s’est accélérée avec la crise économique.
Baisse devrait se poursuivre
Et le phénomène est structurel et devrait se poursuivre. L’UFIP estime à 20% la baisse de la demande de produits raffinés en Europe à l’horizon 2030 par rapport aux niveaux de consommation de 2006.
De manière logique et implacable, « la baisse de la demande a entraîné une réduction de l’utilisation des capacités de raffinage en Europe et aux Etats-Unis » précise le livre blanc. Cette situation a généré des baisses de production voire des fermetures d’usines, temporaires ou définitives, ou des mises en vente, souligné l’UFIP.
Mais la question du déséquilibre de l’offre et de la demande en Europe est plus complexe, avec une problématique essence ? gazole qui complique un peu plus encore la crise actuelle du raffinage. On consomme désormais en Europe 2 fois plus de diesel que d’essence, et même 3 fois plus en France, une évolution qui devrait se poursuivre.
Déséquilibre essence – diesel
Or, le secteur du raffinage n’a pas suivi le mouvement. Le marché européen subit une surcapacité de production d’essence et une insuffisance de la production de gazole de ses raffineries. Et pire, la baisse de la demande d’essence aux Etats-Unis expose les raffineurs européens à rechercher d’autres débouchés.
Et l’UFIP de prévenir que sans nouveaux marchés, les raffineurs devront ajuster leur traitement de brut sur les débouchés d’essence. Le livre blanc annonce déjà des conséquences prévisibles, à savoir des fermetures de sites et un possible accroissement du déficit européen en gazole. Un constat qu’a déjà fait un groupe comme Total qui a décidé d’opérer une vaste restructuration de son secteur du raffinage en fermant notamment son site de Dunkerque.
Dans ce tableau noir du raffinage, l’UFIP insiste également sur le cadre réglementaire européen de plus en plus contraignant. « Les normes environnementales spécifiques à l’Union Européenne entraînent des surcoûts significatifs », qui compliquent le rentabilité du raffinage européen, s’inquiètent les professionnels du secteur.
Pour en savoir + : Consulter le livre blanc Europia (pdf)
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